BRUXELLES (AFP) - La contamination de lots de mozzarella au lait de bufflonne, un des plus célèbres fromages italiens, par de la dioxine laisse planer la menace d’une nouvelle psychose alimentaire en Europe et a conduit jeudi la Commission européenne à menacer l’Italie d’un embargo.
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L’affaire rappelle en effet la crise européenne provoquée en mai 1999 par la contamination d’élevages de poulets en Belgique avec des substances proches de la dioxine contenues dans leur alimentation.
La Commission européenne a opté pour la plus grande fermeté avec les autorités italiennes et a exigé le retrait des produits contaminés.
Elle leur avait fixé un ultimatum, jeudi 18H00 (17H00 GMT), pour lui communiquer toutes les informations sur l’ampleur de la contamination et sur les mesures prises.
Le gouvernement italien s’est exécuté et a affirmé avoir la situation sous contrôle.
La Commission européenne a douché cette assurance jeudi soir dans un communiqué au ton très dur publié vers 19H30 (18H30 GMT) dans lequel elle juge “insuffisantes” les mesures mises en oeuvre pour éviter une commercialisation des produits laitiers contaminés “parce qu’ils n’ont pas été rappelés” et exige “une action urgente” sous peine d’imposer un embargo.
Le gouvernement italien doit convaincre la Commission et ses partenaires européens de sa capacité d’enrayer une crise alimentaire probablement liée à son incapacité de régler le problème des déchets dans la région de Naples.
Le ministre de l’Agriculture italien Paolo De Castro a réfuté mercredi tout lien entre la contamination et les décharges clandestines d’ordures et de déchets de la région.
Mais cette crise des déchets, récurrente en Italie depuis 14 ans, suscite la colère et l’inquiètude à Bruxelles.
“La mise en cause de la responsabilité du crime organisé ne doit pas masquer la cause la plus directe, à savoir l’absence d’action et l’absence de volonté politique”, avait dénoncé en janvier le commissaire à l’Environnement Stavros Dimas.
Le fait que le gouvernement dirigé par Romano Prodi ait été renversé et que l’Italie soit en campagne électorale ne facilite pas le règlement de ces crises, a confié à l’AFP sous couvert de l’anonymat un responsable de la Commission.
La Corée du sud et le Japon ont déjà imposé un embargo temporaire et les ventes de mozzarella seraient en baisse de 30 à 35% en Italie, selon l’organisme pour la protection de la mozzarella au lait de bufflonne.
Les autorités sanitaires belges ont pour leur part décidé jeudi “par précaution” d’augmenter leurs contrôles sur la mozzarella au lait de bufflonne de Campanie. Ce type de fromage est essentiellement produit en Campanie. Les autres mozzarella italienne sont au lait de vache.
“Il ne s’agit que de quelques cas circonscrits dans 83 élevages sur 1.900, qui ont aussitôt été isolés. Il n’y a pas de problème pour la santé, il n’y a pas d’+affaire+ dioxine”, a affirmé Paolo De Castro au cours d’une conférence de presse.
“Si jamais on devait manger cette mozzarella contenant un taux de dioxine légèrement au dessus du seuil toléré, il faudrait en manger 7 kilos” pour avoir des problèmes de santé, a-t-il assuré, avant de dévorer plusieurs boules de mozzarella devant les caméras.
La Commission européenne a rejeté ces allégations et a demandé “aux autorités italiennes compétentes de prendre d’urgence des mesures” pour “assurer qu’aucun produit contaminé ne peut arriver sur le marché”.
“Si cette action était jugée insuffisante, alors elle proposera des mesures de sauvegarde pour les produits laitiers originaires de la région de Campanie”, a-t-elle menacé.
La sauvegarde peut conduire à l’interdiction d’exporter et de commercialiser ces produits, a précisé un porte-parole de la Commission.
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