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Tristan Valmour 1er juin 2008 11:42

 

Article sympathique, intéressant et profond. Permettez-moi néanmoins quelques remarques :

 

1. L’emploi des indicateurs

 

 Les indicateurs sont naturellement utiles au management politique et économique. Seulement, l’automobiliste aux yeux rivés sur les indicateurs ne voit plus la route. C’est ce qui se passe aujourd’hui tant les indicateurs sont nombreux. On traduit tout par des nombres, y compris le moral des Français. Au final, cela conduit les managers à décider mécaniquement sur la base d’outils justes mais dont la perception initiale est fausse. Une voiture qui roule à 130 km/h est-elle rapide ou lente : tout est affaire de perception, on est uniquement sûr qu’elle roule à 130 km/h. Une mauvaise perception du réel associée à l’absence d’intuition (l’intuition étant une anticipation inexpliquée du réel) conduit les décideurs à ne plus emprunter la même route que les autres. D’où le fossé qui se creuse entre eux et les autres, entre la réalité et sa perception. Ajoutons à cela que les rédacteurs de l’Insée doivent revoir leur copie sous la pression des politiques ou des syndicats professionnels lorsque celle-ci présente une situation trop favorable. On verrait ainsi mal comment les syndicats d’agriculteurs pourraient quémander une augmentation des subventions si les rapports de l’Insée présentaient leur situation sous de trop bons auspices. Voilà ce qui se passe et ce qu’ignorent les Français. Les nombres sont justes, les lettres sont fausses. Disreali avait dit lui-même que les statistiques étaient un outil au service du mensonge et de la manipulation.

 

2. La France, un pays béni des dieux

 

Les allemands ont un dicton pour qualifier notre pays « Leben wie Gott in Frankreich », et les anglais disent que la France serait le paradis sans les Français. L’immense majorité des étrangers qui visitent notre pays en tombent amoureux, tant il est effectivement exceptionnel par bien des aspects.

 

Une situation géographique unique qui nous met à l’abri – comparé aux autres pays – de nombreuses catastrophes naturelles. Des paysages variés qui ont été valorisés, des ressources en eau extraordinaire, un climat clément. Rien que cela suffirait, et cette géographie ne changera sans doute pas.

 

Mais le mode de vie des Français est également envié, et on le remarque d’autant mieux que l’on vit à l’Etranger. Les Français ont effectivement assez bien résisté au changement de conception de l’homme qui se manifeste dans les autres pays occidentaux et non-occidentaux, à savoir réduire l’individu à sa capacité à produire et consommer, il n’a aucune valeur entre les deux. Cette résistance est sans doute le fruit d’une mentalité de frondeur et gouailleur anciennement ancrée aussi bien que l’exercice d’une pensée dialectique apprise sur les bancs du lycée, notamment en cours de philosophie, situation unique. Cette résistance française au changement est malheureusement en voie d’extinction et la France rejoint petit à petit le « concert des Nations ».

 

3. Le mal être français

 

Avoir 20 ans en France ne vieillit pas plus que d’avoir 20 ans en Corée ou aux US, même si la France est un vieux pays. Je ne vous suis donc pas en ce qui concerne la maturité, c’est un cliché.

 

Lorsqu’on a une éruption cutanée, on peut aller voir son médecin dans l’optique qu’il nous donne un traitement. On peut aussi être surpris lorsque le praticien nous annonce que cette éruption est la conséquence d’un trouble psychologique. Un train peut en cacher un autre. Cela permet de comprendre que même si les indicateurs ne sont pas objectivement mauvais, on peut être effectivement sujet à une baisse de moral. Deux raisons majeures à cela : les indicateurs n’indiquent pas grand chose en fait, ils livrent une situation globale sans rien dire des particularités. Une moyenne ou une médiane n’expliquent pas grand chose. Si on dit que le revenu moyen des habitants est de 100 €/an, on peut trouver un habitant a 90€ et les autres à 1 €. Ces derniers auront donc une analyse différente de la situation du pays que le premier. Seconde raison : la perception initiale déjà abordée. Le verre est-il à moitié vide ou à moitié plein ? Que penser des 4x4 rutilants qui côtoient les tentes sur les bords de Seine ? Là se situe un problème essentiel. C’est la perception de sa condition en rapport avec celle d’autrui qui fait le lit des névroses, pas sa propre condition prise objectivement et pour elle-même. A chaque fois que j’ai expliqué cela aux entrepreneurs qui avaient des soucis avec leur personnel, et à chaque fois que les premiers ont compris la perception et le point de vue des seconds, les choses se sont améliorées.

 

4. Pour conclure

 

J’aimerai continuer, mais je n’en ai pas le temps, il faut conclure. Vous voulez que les choses s’améliorent, débarrasser les Français de leur névrose ? Facile : il suffit de plafonner les revenus, les bénéfices des entreprises, de limiter la taille de ces derniers (pour éviter l’hégémonie), leur activité à un ou 2 codes APE. Il suffit de redévelopper une société de petits commerçants, artisans et entrepreneurs, de valoriser la proximité. « Small is beautiful”. Liste non exhaustive, mais je n’ai pas le temps de développer.

 

Meilleures salutations.

 


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