Quels seront les effets du RSA sur la pauvreté et le marché du travail ?
- Dans le Monde d’aujourd’hui, un article pro-gouvernemental ("Emploi : l’atout du RSA"), par Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du Conseil d’orientation pour l’emploi. Il faut savoir cette institution a été saisie pour étude des questions en débat dans le "livre vert" sur le RSA . Mais sa présidente ne peut pas attendre plus longtemps ; elle a décidé de devancer l’étude des questions en livrant son point de vue élogieux envers le nouveau système. Il semble donc que cette institution n’ai pas d’avis indépendant et qu’elle se contente de théoriser la volonté du gouvernement.
Je résume. Mme Carrère-Gée commence par saluer "la belle idée" que constitue selon le RSA qui remplacera le RMI et qui serait également versé à tous les salariés jusqu’au voisinage du smic. Mais (critique pour donner le change) c’est loin d’être suffisant, le véritable défi, c’est de faire de cet investissement contre la pauvreté un atout pour l’emploi. Elle constate l’échec du RMI et approuve sa suppression pour briser enfin cette "préférence française pour le chômage et l’exclusion". Deux conditions pour cela. D’abord, une logique de droits et devoirs clairement affirmée et un objectif et un seul : l’emploi. (voilà une phrase qu’on dirait sortie de la bouche du ministre ou d’une conseiller de l’Elysée !) S’attaquer simultanément aux freins financiers et non financiers à la reprise d’emploi (enfonçage deporte ouverte : le Grenelle en a parlé : par exemple la garde d’enfants). Ensuite, éviter le développement du temps partiel subi et d’un emploi de mauvaise qualité, et les comportements frauduleux tendant à conserver des avantages, accroître les contrôles et les sanctions à l’égard du travail dissimulé. Pour finir, que la création du RSA ne nuise pas à ceux qui travaillent et qui n’ont que des revenus modestes (allusion à la suppression de la PPE).
- Quant à Martin Hirsh qui y croit dur comme fer, il pointe néanmoins un risque plus qu’évident : « Il y a beaucoup de travailleurs pauvres en France. Le RSA va leur apporter un complément de revenu. Certains pensent que c’est très normal parce que ça va améliorer leur situation financière rapidement ; d’autres craignent que cela dispense les employeurs de faire un effort sur les rémunérations ». (Martin Hirsh)
- La revue Alternatives Economiques (n° 261 de septembre 2007), elle, est bine plus critique : elle a interrogé Jean Gadrey, professeur émérite d’économie à l’université de Lille I et Denis Clerc, fondateur d’Alternatives Economiques, ancien rapporteur au Cerc. Denis Clerc fut également membre de la commission Hirsch de 2005. Le RSA ne permet pas de s’attaquer au problème de fond : la multiplication des emplois précaires sur le marché du travail. Le RSA se fonde sur « l’idée que la lutte contre la pauvreté des revenus passerait d’abord par des incitations monétaires à la mise au travail, à n’importe quel travail. De quoi encourager l’expansion des "petits boulots". Or, c’est précisément cette expansion qui produit la pauvreté salariale que l’on prétend combattre. L’ Uniopss explique ainsi que "le RSA risque de fonctionner comme une subvention aux entreprises (...), notamment s’il devenait pérenne. N’y a-t-il pas danger à les conforter dans une politique de bas salaires ?".
L’Etat se borne à apporter un petit complément aux prestations qui existent déjà. On est loin de l’ambition initiale qui était de faire en sorte qu’un emploi permette d’échapper à la pauvreté. Conditionner l’aide à la fourniture d’un service en contrepartie était la base du RMA et reste la tentation des milieux libéraux et de Nicolas Sarkozy qui, dans son discours d’investiture de janvier 2007, avait annoncé que tout minimum social devrait faire l’objet d’une "activité" en contrepartie.
Résumé P.C. Lire l’intégralité de l’entretien avec Denis Clerc et Jean Gadrey.
http://www.alternatives-economiques.fr/le-rsa-sert-il-a-quelque-chose-_fr_art_473_31465.html
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