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En réponse à :


Xebeche 4 juillet 2008 16:05

Chers amis (clause de style) :
Vous vous fourvoyez complètement. Vous inversez causes et conséquences et vous ne comprenez pas ce que vous lisez (ha ha ha) :
La domination de l’anglais n’est pas la cause, mais la conséquence de la puissance écrasante des États unis d’Amérique. Son utilisation en temps que lingua franca mondiale découle directement du fait que les États unis sont l’hyperpuissance dominante du monde actuel.
Mais alors pourquoi des anglophones bardés de diplomes et de gros salaires préconisent-ils d’étendre le champ pourtant déjà vaste des anglophones ? Par ambition nationaliste.
Chez toutes les puissances, on trouve des gens pour préconiser l’hégémonie. Partout on trouve des imbéciles qui pensent que leur culture doit dominer celle des autres, chez les anglophones comme ailleurs.
Mais leurs idées sont encore plus ridicules, encore moins réalistes dans ce cas précis, car la langue anglaise n’est plus celle d’un seul peuple. Contrairement à ce que vous croyez et à ce qu’ils croient aussi, lorsqu’une langue se répand, cela ne donne pas plus de pouvoir aux natifs, les moyens d’imposer leur culture.
Au contraire, ces derniers sont en quelque sorte dépossédés de leur langue.
Les différences culturelles entre les différentes nation nées de la chute de l’empire britannique étaient déjà fortes. L’anglais est devenu une langue en expansion, une langue multiculturelle. C’est parce que les États unis sont devenus la puissance dominante du monde actuelle, de la même manière que Rome l’était pour l’europe occidentale, que l’anglais est devenu la lingua franca mondiale, comme en sont temps le latin.

Il faut être indécrottablement naïf pour ne pas se rendre compte que l’anglais est une arme de la guerre économique et culturelle que livrent les grandes puissances anglophones (celles du réseau Echelon, mais en premier lieu les EUA et la GB) au reste du monde, c’est-à-dire env. 95% de l’humanité, et que, dans le maniement de cette arme, elles sont les championnes : The English Advantage , De l’avantage de l’anglais .

C’est là que je dois rire ? Il y aurait une "guerre économique et culturelle" livrée par les nations anglophones au reste du monde ? Vous prenez quoi ? Vous vous fournissez où ? Il faut être indécrottablement naïf pour croire qu’il y a un rapport entre Echelon, qui est un réseau de "rensignement", et les questions linguistiques. à lire ce paragraphe, on voit tout de suite que vous considérez les "anglophones" (sic) comme une entité homogène maléfique projetant de conquérir le monde en utilisant son langage putride et malévolernt à des fins inavouables.

Liste à compléter :

"Enseigner l’anglais au monde peut être presque considéré comme une extension de la tâche qui s’imposait à l’Amérique lorsqu’il s’agissait d’imposer l’anglais comme langue nationale commune à sa propre population d’immigrants. (rapport du British Council 1960-1961)

Vous l’aimez le british council, hein. Splendide illustration de ce que j’ai dit plus haut. 

"L’anglais doit devenir la langue dominante remplaçant les autres langues et leurs visions du monde : chronologiquement, la langue maternelle sera étudiée la première, mais l’anglais est la langue qui par la vertu de son emploi et de ses fonctions deviendra la langue fondamentale." (...) "Le rapport proclame que le Centre [de l’anglais] a un monopole de langue, de culture et d’expertise et ne devrait pas tolérer la résistance à l’autorité de l’anglais" (The report proclaims that the Center [of English] has a monopoly of language, culture and expertise, and should not tolerate resistance to the rule of English" (...) Si des Ministres de l’Éducation nationale, aveuglés par le nationalisme [sic] refusent.... c’est le devoir du noyau des représentants anglophones de passer outre."("it is the duty of the core English-speaking representatives to override them" — Anglo-American Conference Report, 1961 ; le "Centre" est constitué par les pays dominants de l’anglophonie, c’est-à-dire le réseau Echelon)

Bien sur qu’il y a des gens qui ont des visées impérialistes dans le monde, chez les rosbifs et les amères loques (même moi je fait des meilleurs jeux de mots laids que vous sur les ricains), comme ailleurs. Là n’est pas la question. Ce n’est pas parce que des gens qui se croient importants disent telle chose qu’elle devient obligatoirement opératoire en fait. Traduction : ce n’est pas parce qu’une minorité d’imbéciles pense que la culture anglaise s’imposera avec la langue que c’est vrai. Je vous enjoint instamment de lire l’excellent livre de Samuel Phillips Huntington intitulé "Le Choc des Civilisations" (The clash of Civilizations), qui explique en long, en large et en travers pourquoi le monde est loin de s’uniformiser. Il y explique notamment : "en ce sens, l’anglais est le mode de communication interculturel mondiale comme le calendrier chrétien est le mode mondial de découpage du temps, les chiffres arabes le mode mondial de numération et le système métrique, en grande partie, le mode mondial de mesures. Cependant, on utilise l’anglais comme mode de communication interculturelle ( la mise en valeur est d’origine). Cela présuppose donc des cultures distinctes. C’est un outil de communication, pas un vecteur d’identité, ni un lien communautaire. Le fait qu’un banquier japonais et un homme d’affaire indonésien se parlent en anglais n’implique pas qu’ils sont anglicisés ou occidentalisés." On voit bien que l’anglais dévoreur de culture et servant les infâmes visées impérialiste et autres mangeage d’enfant du british council n’est que mythe, affabulation, propagande.

"Il y a un élément de commercialité dissimulé dans chaque professeur, livre, revue, film, programme télévisé, de langue anglaise envoyés au delà des mers. Si alors nous sommes en train de tirer un avantage politique, commercial et culturel de l’usage mondial de l’anglais, que faisons-nous pour maintenir cette position ?" (rapport du British Council 1968-1969)

Ah, je confirme, c’est le grand amour, dites donc !

“English is a Profitable Export” ("The International Herald Tribune", 12 octobre 1978)

"L’exportation de vin me rapporte des tonnes de fric" (Jean Jean, vigneron sur les coteaux de nuit-st-george...)


"Le véritable or noir de la Grande-Bretagne n’est pas le pétrole de la Mer du Nord, mais la langue anglaise. Le défi que nous affrontons, c’est de l’exploiter à fond." (rapport du British Council 1987-1988)

“L’un des objectifs majeurs de notre gouvernement est de s’assurer que les intérêts économiques des États-Unis pourront être étendus à l’échelle planétaire. » (Madeleine Albright, 20 février 1997, alors secrétaire d’État du président Bill Clinton, citée par "À gauche", 20 février 1997)

Les états unis sont une nation qui défeznd ses intérêts. La France ne les défend plus depuis, longtermps, mais c’est nous qui devrions défendre nos intérêts, au lieu de critiquer ceux qui défendent les leurs (bien ou mal, c’est un autre vaste débat).

"Il y a 6000 langues parlées dans le monde, 5 999 de trop, l’anglais suffira." Avis d’un sénateur étasunien rapporté par Hervé Lavenir de Buffon ("Le Figaro Magazine", 22.06.2002). HLB affirme par ailleurs avoir pris connaissance d’un rapport de la CIA qui, en 1997, laissait cinq ans aux États-Unis pour imposer leur langue comme seul idiome international "Sinon — selon la CIA —, les réactions qui se développent dans le monde rendront l’affaire impossible."

L’alliance rebelle parviendra t’elle à contrer les terrifiantes visées hégémoniques de l’empire anglophone ? Que porte la princesse espérantia sous son costume en cuir moulant ? Vous saurez la réponse en regardant l’’épisode 5 de linguistics wars par george-henri Lucasson...

"Il est dans l’intérêt général des États-Unis d’encourager le développement d’un monde dans lequel les fossés séparant les nations sont comblées par des intérêts partagés. Et il est dans les intérêts économiques et politiques des États-Unis de veiller à ce que, si le monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais ; que s’il s’oriente vers des normes communes en matière de télécommunications, de sécurité et de qualité, ces normes soient américaines ; que si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si des valeurs communes sont édifiées, ce soient des valeurs dans lesquelles les Américains se reconnaissent." (David Rothkopf, directeur du cabinet de consultants Kissinger Associates “In Praise of Cultural Imperialism ?”, “Foreign Policy”, n° 107, Été 1997, pp. 38-53.)

Je crois que ce qui vous manque, c’est de comprendre que normalement, dans chaque nation du monde, il y a des gens pour dire ça. Le fait qu’on les écoute ou non est un autre problème. En tout état de cause, cela ne prouve rien. ce n’est pas parce que tel homme dit telle chose que cela devient vrai dans le quart d’heure. En l’occurence, si, plus haut, j’ai cité Huntington, c’est parce que le monde s’orient pas mal selon ses prévisions et pas celles de Francis Fukuyama, qui croyait effectivement en une uniformisation mondiale vers la démocratie libérale après la guerre froide (doctrine dite "de la fin de l’histoire). j’en ris encore.

"Au XXIème siècle, le pouvoir dominant est l’Amérique, le langage dominant est l’anglais, le modèle économique dominant est le capitalisme anglo-saxon."
("In this twenty-first century, the dominant power is America ; the global language is English ; the pervasive economic model is Anglo-Saxon capitalism",
Margaret Thatcher, juillet 2000, Université de Standford

Tout cela est vrai. Ce ne sont que des constatations. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas d’autres...

Le but du projet "English 2000" a été ainsi défini, de façon parfaitement claire : "exploiter le rôle de l’anglais pour faire avancer les intérêts britanniques en tant qu’étape de la tâche consistant à perpétuer et à étendre le rôle de l’anglais comme langue mondiale du siècle prochain."

Voici comment je vois les choses : les évolutions mondiales majeures sont généralement le fait de tendances de fond extrêmement puissantes. L’agitation d’un individu ou d’un petit groupe d’individu, qu’elle aille dans le sens inverse de la tendance ou qu’elle l’encourage, a finalement peu d’importance.

“Le reste du monde trouvera avantage à ce que les États-Unis défendent leurs propres intérêts, car les valeurs américaines sont universelles.“ Condoleezza Rice, conseillère du président George W. Bush pour les Affaires étrangères, 2002.

Oh, que c’est mal dit ! En réalité, elles ont une vocation universaliste, comme les valeurs françaises, en leur temps.

Les valeurs "américaines universelles" passent par l’objectif de la mondialisation anglo-saxonne, c’est-à-dire l’américanisation et l’anglicisation.

On en est très loin.

Les partisans de l’impérialisme anglais sont généralement des anglophones de naissance ou d’adoption. Aux États-Unis, ses partisans les plus extrémistes prônent une langue et une culture unique parce que les Anglo-Saxons seraient le peuple choisi par Dieu pour coloniser l’Amérique du Nord et mener le monde vers la liberté. C’est la théorie du « choix divin » des WASP (White Anglo-Saxon Protestants), dont le président George W. Bush est le plus prestigieux porte-parole.

Vous voyez comme vous mélangez tout. Quand bien même cette théorie délirante aurait des adeptes, elle serait très loin de la réalisation.

"Gordon Brown a affiché sa volonté de faire de l’anglais la langue “de choix(sic !) dans le monde." (AFP 17.01.2008 — citation originale : "Mr Brown believes teaching English will quickly become one of Britain’s biggest exports. It could add a staggering £50 billion a year to the UK economy by 2010."

Vous avez la faiblesse de croire que les chefs d’etat dirigent leur pays et qu’il le représentent. On sait bien que tout les français ne se voient pas en sarkozy mais il ne faudrait pas oublier non plus qu’il ne dirige la France qu’autant qu’une figure de proue dirige un navire en perdition. C’est pareil pour les grands-bretons.

"Le sujet des langues reste le grand silence de l’intégration européenne. Il y a eu beaucoup de mots sur les lacs de lait et les montagnes de beurre, sur une monnaie unique, sur la libre migration des citoyens de l’U.E. et la limitation de l’immigration pour les étrangers, mais la langue elle-même, dans laquelle on traite de ces sujets, reste en dehors des discussions. " Abram de Swaan, 1993, cité par le prof. Robert Phillipson dans International Political Science Review.

Parce que l’UE est conçue pour être et rester une organisation multilingue.

Pour conclure ce florilège de citations où l’argument est rare, laissez moi ajouter celle ci :

"le grand événement du XXème siècle, c’est que les états unis parlent anglais" (Otto von Bismarck)

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