Qu’il y ait un problème d’autisme de la caste politique française, c’est l’évidence. Que la gouvernance soit une « monarchie républicaine » aussi. Que le 21 avril et le 29 mai aient été des coups de semonce, sans parler des cohabitations qui ont précédé, tout cela est vrai. Mais croyez-vous vraiment que (je vous cite) « Annoncer la dissolution prochaine de l’Assemblée , un gouvernement d’union nationale de type grande coalition », soit suffisant pour calmer le jeu dans les banlieues et redonner espoir à la population ? Là, j’en doute fort ! Les gamins de 13-15 ans qui brûlent les voitures non seulement ne votent pas mais ils ne savent même pas comment fonctionne la République. Leurs aînés ne voient que le chômage, le ghetto et le délit de faciès, alors un « changement institutionnel » de plus ou de moins, quelle différence ? Non, il nous faut soit revoir notre « modèle » d’intégration, soit faire l’effort - malgré la société qui y résiste - de l’appliquer jusqu’au bout. Le « modèle » américain est à cet égard un exemple, même s’il est américain, donc frappé de tabou dans la pensée franchouille : soit l’apartheid, soit l’intégration forcée par bus scolaires et mesures positives d’insertion. La représentation politique, c’est bien, encore faut-il savoir lire et s’impliquer dans la vie de la cité. Cela commence par le travail. Un chômage de 10%, qui nous place en queue de tous les pays européens, est l’échec criant des gouvernements de droite comme de gauche depuis 30 ans. Car on ne veut pas choisir : la protection du système industriel + l’ouverture des frontières, ce n’est pas tenable. Si l’on s’ouvre au monde (et comment faire autrement si l’on ne veut pas vivre comme à Cuba ou en Corée du nord ?), adaptons le travail à ce qui se fait ailleurs, grande flexibilité (ce que réclame le marché ouvert) mais aussi protection individuelle en retraite, mutuelle maladie, formation (c’est ce que réclame la CFDT). Faute de choisir, on se complaît dans le narcissisme (à droite) ou l’incantation (à gauche). Les réalistes ne sont guère nombreux...