C’est assez affligeant de lire la prose réactionnaire d’Internaute. Pas un mot sur le livre Interdits d’enfants mais un florilège de poncifs qui ne résistent pas à la moindre analyse.
* Les couples stériles doivent accepter leur état. Facile à dire quand on peut avoir des enfants sans difficultés. Les cancéreux et les handicapés doivent-ils faire de même ? Pour ne pas gêner les convictions de certains ?
* L’enfant n’est pas une marchandise : personne ne dit le contraire. Ce n’est pas en inventant les "mères prostituées" et en qualifiant la mère "d’acheteuse" que cela transforme un don en transaction commerciale.
* La construction bancale d’Internaute repose sur sa vision de l’enfant en tant qu’objet. En effet, il est écrit que la "mère porteuse" donne SON enfant. Quelle vision ! Un enfant n’appartient pas à une personne, pas plus que l’on donne la vie. En réalité, un couple transmet la vie dans un projet parental qui prend forme en un enfant. Si une tierce personne aide ce couple en portant cet enfant du stade de pré-embryon jusqu’à la naissance, cela ne le transforme pas en SON enfant. La parenté n’a rien à voir avec la possession d’un objet, et tout le raisonnement qui découle de l’enfant objet n’a pas de sens. La parenté est un ensemble de relations de responsabilités, de dépendances, de partage et d’affection. Une personne ne peut donner SON enfant : elle renonce à ses droits parentaux tout au plus (à condition déjà d’en avoir), et qu’elle n’est d’ailleurs pas la seule à avoir.
* C’est une bêtise de dire que c’est l’accouchement qui fait la mère. Accoucher n’empêche pas chaque semaine des infanticides, et inversement, il est indécent de penser que les femmes qui adoptent sont des mères au rabais.
* On atteint le sommet de la bêtise en parlant de qualité des enfants, dont les vices cachés entraineraient un refus de la part des couples infertiles. Dans la reproduction humaine sans aide médicale, un couple peut abandonner l’enfant à la naissance (et oui, il faut être deux pour parler d’abandon enfant) : 1/4 des couples ne s’en prive pas en cas de trisomie 21. Pour les couples infertiles, c’est différent, du fait d’une reconnaissance pré-natale, le Ministère Public peut ordonner la filiation, il n’y a pas de possibilité d’abandon. Au passage, il faut arrêter de raconter n’importe quoi, la filiation relève de la loi et du juge, pas du contrat commercial. La réalité est donc à l’opposé du fantasme.
* Terminons sur le vocabulaire : le terme mère biologique est utilisé dans le cas de l’adoption par opposition à mère légale. Dans le cas de l’assistance médicale à la procréation, le vocable biologique ne veut rien dire puisque les fonctions biologiques de reproduction sont souvent séparées entre deux femmes : celle qui porte l’enfant et celle qui fournit les ovules. C’est d’ailleurs un des aspects très intéressants du livre Interdits d’enfants qui montre et questionne sur les différentes représentations de la parenté sur le plan social, médical, psychologique et même historique.
Ces quelques phrases pour dire que le commentaire d’Internaute est projeté sur le livre Interdits d’enfants par réaction, sans aucune analyse. Ce qui rejoint le titre du billet. Je remarque également un point symptomatique : il est dit qu’un Français de souche devrait être qualifié simplement de "Français", et les autres de Français de "complaisance" ou "d’adoption". C’est un monument de bêtise et de racisme contraire au fondement de notre république : il ne saurait y avoir une nationalité française de seconde classe, qui serait raillée par les soit-disant premières classes. C’est pareil pour la parenté et la filiation, faut-il encore lire des livres comme Interdits d’enfants, ou autre chose que Minute ou National Hebdo.
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