Face à la situation de désarroi actuel, vous pouvez penser que les 		banques ont avancé elles-mêmes l’idée d’assouplir les critères 		d’obtention de crédit, tandis que les autorités de régulation ont fermé 		les yeux. En réalité, ce furent les autorités de régulation qui ont 		allégé ces critères – sous le pression de certains groupes 		communautaires et des forces politiques « progressistes ».
		
		Dans les années 1980, des groupes comme les militants de l’ACORN 		(Association of Community Organizations for Reform Now) ont commencé à 		lancer des accusations de discrimination, selon lesquelles les banques 		traiteraient différemment certaines minorités pour ce qui est des prêts 		hypothécaires. En 1989, des membres du Congrès ralliés à cette cause 		firent adopter le Home Mortgage Disclosure Act, amendé pour obliger les 		banques à collecter des données raciales concernant les emprunteurs 		potentiels. Celles-ci ont fait l’objet de nombreuses études qui 		semblaient valider l’accusation initiale.
		
		En fait, même si les dossiers des candidats au prêt issus des minorités 		étaient rejetés plus fréquemment que les autres ; la raison principale 		n’en était pas une quelconque discrimination raciale, mais le fait que 		les personnes dans ces minorités ont en général des revenus plus 		modestes. Cependant, une étude de la Réserve Fédérale de Boston qui fait 		date a conclu en 1992 que les discriminations concernant les prêts 		hypothécaires étaient systématiques.
		
		Cette étude comptait un nombre incroyable d’erreurs. Avec un collègue, 		nous avons démontré par la suite que les données utilisées contenaient 		des milliers d’erreurs grossières, comme des prêts à des taux d’intérêts 		négatifs. Notre étude a montré qu’il n’y avait aucune preuve de 		discrimination.
		
		Cependant, l’ordre du jour politique a primé – accompagné par les 		explications du Président de la Réserve Fédérale de Boston selon 		lesquelles aucune étude supplémentaire n’était nécessaire, et par les 		autorités de régulation bancaire qui soutenaient la mesure.
		
		L’encre de cette étude sur les discriminations n’avait pas eu le temps 		de sécher que la Réserve Fédérale de Boston, s’exprimant au nom de la 		Réserve Fédérale tout entière, a produit un livre à destination des 		prêteurs hypothécaires, expliquant que « des discriminations peuvent 		être observées quand les critères de prêt incluent des données 		arbitraires ou démodées qui excluent de nombreux candidats au prêt 		urbains ou originaires des minorités ».
		
		Ces critères « démodés » incluaient la valeur du bien hypothéqué par 		rapport au revenu, l’historique des crédits, l’épargne accumulée par le 		passé, ou le revenu. À la place, la Réserve Fédérale de Boston a décidé 		que la participation à un programme d’éducation sur la manière de 		contracter des prêts devait être considérée comme une preuve de la 		capacité à rembourser un crédit.
		
		Tout cela vous paraît aberrant ? En effet. C’est critères « démodés » 		existaient pour limiter les défauts de paiement. Mais les autorités de 		régulation bancaire ont demandé de les assouplir, avec l’accord des 		hommes politiques et des personnes bien-pensantes. En 1995, un 		renforcement du Community Reinvestment Act (CRA) a imposé aux banques de 		trouver des moyens de fournir des prêts hypothécaires aux membres des 		communautés les plus pauvres. Cela a aussi permis aux membres de ces 		communautés d’intervenir lors de l’examen annuel des banques.
		
		Les banques qui recevaient des critiques négatives ont été punies ; 		certaines ont vu leurs plans de fusion empêchés ; d’autres ont eu à 		faire face à des problèmes légaux avec le Ministère de la Justice.
		
		Les prêts accordés sur des critères allégés se sont donc développés, 		même si l’on observait des taux de défauts de paiement plus élevés que 		pour les prêts classiques. Sur Internet, vous pouvez toujours trouver 		des prêts CRA disponibles via ACORN avec « 100 % de financement ... pas 		d’évaluation de vos crédits passés ... pas de critères de revenu ... 		même si vous ne le signalez pas sur votre déclaration d’impôts ». Mais 		les programmes d’éducation sur la manière d’utiliser le crédit sont 		requis, bien évidemment.
		
		Ironie du sort, un rapport enthousiaste de la Fannie Mae Foundation a 		choisi de distinguer un cas de prêteur non-discriminant, qui travaillait 		avec les communautés et appliquait « les critères d’attribution de 		crédit les plus flexibles ». L’engagement de ce prêteur envers les bas 		revenus était de 1 milliard de dollars en 1992, et avait crû à 80 		milliards en 1999 et à 600 milliards en 2003.
		
		Quel était ce créancier particulièrement vertueux ? Countrywide, le plus 		grand émetteur de crédits hypothécaires aux Etats-Unis, et récemment à 		la une de l’actualité parce qu’il avançait tout droit vers la faillite. 		Dans un récent article de journal exaltant les mérites des critères 		allégés d’attribution de crédit, le directeur général de Countrywide se 		vantait en expliquant que pour accepter les dossiers provenant des 		minorités qui auraient été rejetés, « les prêteurs ont dû assouplir un 		peu les règles ». Il ne se vante plus aujourd’hui.
		
		Pendant des années, la hausse des prix de l’immobilier a masqué les 		problèmes de défauts de paiement car un refinancement rapide était 		possible pour les banques. Mais maintenant que les prix de l’immobilier 		ont cessé de croître, nous pouvons clairement réaliser les dommages 		causés par l’assouplissement des critères d’attribution de crédits.
		
		Ces dommages étaient prévisibles : « Quand l’idéal réconfortant et flou 		des ’critères flexibles d’attribution de crédit’ disparaîtra, nous 		découvrirons peut-être qu’il ne sont ni plus ni moins que des critères 		conduisant à de mauvais prêts. [...] De telles politiques n’auront pas 		rendu service à leurs bénéficiaires supposés, si ceux-ci se trouvent 		dépossédés de leurs logements ». J’ai écrit cela avec Ted Day en 1998, 		dans un article académique.
La crise du Subprime ? Marchés accusés, état coupable. Comme d’habitude.
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