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Tristan Valmour 2 octobre 2008 14:09

Bonsoir Paul

J’adhère à votre article : le professeur a été effectivement dépossédé de son autorité, or celle-ci est nécessaire et doit s’appliquer à tous ; l’administration est défaillante dans son idéologie comme dans son action.

De l’autre côté, certains professeurs (20-30% ?) sont aussi personnellement responsables des problèmes. On ne peut pas affirmer que tous sont travailleurs, équilibrés, pédagogues, etc. Investis de l’autorité, certains tombent également dans le syndrome du petit chef et se permettent des remarques inadmissibles, des jugements péremptoires. Comment peut-on dire d’un élève qu’il n’est ni intelligent ni travailleur quand celui-ci n’y arrive pas en fait par manque de méthode, et que l’on ne l’en instruit pas ? Quand cet élève, hors de l’école, réussit parfaitement dans de nombreuses activités, mais ne pense pas à employer cette stratégie de réussite pour les disciplines scolaires ?

L’autorité ne se résume pas à la possibilité d’employer une sanction, mais doit découler d’abord et surtout d’une compétence reconnue. Or le professeur, avant d’être une source d’informations (concurrencé en cela par les médias, les parents…) doit d’abord être un pédagogue. Et si nous avons la chance de disposer de pédagogues parmi les meilleurs du monde (Berbaum, Houssaye, Giordan, de la Garanderie, Astolfi…), il est dommage que la pédagogie ne soit que trop peu abordée dans les IUFM. 

De même, et c’est là un autre problème majeur, notre culture traditionaliste nous empêche d’adopter les pratiques qui réussissent. Car notre système se fonde aussi sur un ensemble de présupposés : sobriété des lieux d’instruction, nécessité de souffrir pour apprendre, etc. Il faut au contraire s’ouvrir sur les initiatives qui ont de l’écho : les écoles d’Howard Gardner, le Guggenheim School à Chicago, les écoles de la créativité en Australie, etc. Voir par exemple « Everyday Genius » de Peter Kline (pas sûr du prénom, j’écris tout de tête).

A quoi sert-il de faire des cours de 55 minutes quand on sait que l’attention moyenne est comprise entre 15 et 40 minutes ? Quand on sait que l’on ne retient que le début et la fin d’un cours ? Enseigne-t-on les lois de la réactivation de la mémoire ?

A quoi cela sert-il de savoir qu’un élève de 6è entre avec un vocabulaire de 3000 mots, et qu’il n’apprend en moyenne que 2500 de plus au cours de l’année alors que l’ensemble des manuels (toutes disciplines confondues) lui impose d’en connaître 6000 de plus (Etude de Lieury dans les années 90) ? Alain Lieury a fait la seule évaluation pertinente qui soit, à savoir mesurer les capacités conceptuelles réelles issues de l’acquisition du vocabulaire. Les programmes dépassent les capacités d’acquisition des élèves, et les enseignants sont obligés de rabâcher la même chose d’une année sur l’autre.

Apprendre est le fruit d’un désir de changement, et tous les êtres en sont investis. Mais le système tue ce désir. Parce que les conceptions sont mauvaises, parce que la formation des enseignants laisse une place réduite à la pédagogie, parce que l’environnement social dans lequel vivent certains jeunes ne permet pas d’aspirer au changement, donc d’apprendre ! La question de l’autorité peut être résolue d’une autre façon que la simple sanction : la proactivité.

Pour terminer : j’ai enseigné les méthodes des pédagogues cités plus haut à un ami qui dirige une société de soutien scolaire aux US. Il a 100% de réussite, quel que soit le niveau, quel que soit le problème ! Nous avons des pédagogues qui cherchent, trouvent, écrivent. Pourquoi restent-ils dans les bibliothèques ?

Bien à vous



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