Cela fait un moment que Valérie Pécresse a passé une étape décisive dans son entreprise de démolition de la recherche scientifique en France. Le discours ne mentionne plus les chercheurs plein-temps.
Comment les dizaines de milliers de chercheurs du CNRS, de l’Inserm ou de l’INRA peuvent-ils (elles) supporter d’être ainsi évincé de fait du dispositif de recherche ?
Personnellement, je ne l’accepte pas.
Bien que j’aime enseigner (à petite dose) et que je l’ai fait tout au long de ma carrière, si on me contraint à enseigner pour avoir droit à une prime dite de recherche ou d’excellence, je me passerai de prime. Après tout, ce n’est pas pour cela que je suis entré au CNRS, il y a bien longtemps déjà, en un temps où la recherche fondamentale n’avait pas besoin de se défendre pour exister, où les chercheurs ressentaient une certaine fierté de ce qu’ils étaient, un temps où ils pouvaient apparaître comme des modèles enviables aux jeunes qui souhaitaient les imiter, puis prendre leur suite.
C’est le moment où mon plus jeune fils me dit : "papa, arrête de jouer les vieux cons, je préfère quand tu reste un jeune con".
Oui, mais il y a des instants où on peut se laisser aller à la nostalgie d’un temps où la quête de la connaissance avait plus de valeur que le fric.
Et puis, le changement, je suis pour, j’y aspire, même, mais seulement s’il conduit à un progrès.
Où est le progrès dans la réforme Pécresse, la réforme Sarkozy, devrais-je dire puisque la ministre se contente de décliner au mieux (au moins pour son évaluation par l’Elysée) les incantations qui étaient, je le rappelle, présentes dans le programme de campagne du candidat UMP ?
J’espère avoir un jour des réponses à cette lancinante question.
Pour l’instant, j’ai entendu (Pécresse, toujours) que le progrès était de mettre la recherche au service de l’économie. Et cela n’est pas une réponse acceptable. S’il est légitime que la recherche participe au progrès, notamment économique du pays, elle n’est pas à son service, surtout pas à son service exclusif.
La recherche a une valeur sans qu’il soit besoin de la valoriser économiquement, et les chercheurs ont une fonction sociale importante sans qu’il leur soit besoin d’enseigner ou devenir chefs d’entreprise pour le montrer. Or, le mépris affiché des chercheurs dont témoignent les mesures et annonces récentes n’est certainement pas "compensé" par les primes prévues pour leurs collègues enseignants-chercheurs (au moins un petit nombre d’entre eux). Les chercheurs, on leur pro(im)pose d’être recrutés plus tard, après les dix ans de CDD qui suivront leur BAC +8. Il faudra vraiment qu’ils aiment la "french way of life" et leur campagne pour envisager de revenir tenter de se faire recruter par un CNRS moribond. Ce qui est important, c’est que l’on pourra continuer de mesurer la qualité des université françaises à la côte que leurs étudiants continueront d’avoir dans les centres de recherche et les universités de tous les pays du globe (les USA en particulier), … sauf la France
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