Il est interessant de voir dans cet article comment tu fais vivre le déprimé comme donnant une réponse sociale finalement , que l’on s’empressera vite de qualifier d’atitude inadaptée, que l’on mercantilisera aussi , voire d’abord , car le profit adore les niches , adore le symptôme, le syndrôme , même. C’est , en tout cas , à la lecture que j’en fais , ce que nous vivons bel et bien .
Il peut par contre etre interessant d’observer ce que veut dire révolte , et inaptitude sociale aujourd’hui en le comparant à quelques exemples pris hier ou avant hier. Par exemple , lorsque la religion et son cadre de menaces guidait les peuples. Qu’était un inadapté social finalement ? Certainemnt pas quelqu’un avec lequel on pouvait génerer du profit , mais bien un hérétique. Celui qui ne pouvait se reconnaitre , celui qui ne pouvait mouvoir ses bras et ses jambes au profit de la valeur conductrice , c’était un hérétique... Il était perçu comme une menace pour la machine idéologique, perçu comme celui que l’on ne devait écouter ni regarder , et surtout pas imiter. Le sort que l’idéologie lui reservait etait au mieux le bannissement , au pire , l’élimination. Lorsque les mouvements à contre courant de la pensée dominante prenaient tout de même de l’ampleur, on pouvait alors entendre parler de chasse aux sorcieres , d’inquisition et même de croisades lorsque l’idéologie donnait réponse radicale et globale à un phénomene de résistance perçu comme une menace à long terme.
Celà aurait donc changé. Bienvenu , nous dis tu , bienvenu au déprimé dans le monde interessant de sa dépression . Nous allons nous servir de ton état pour te fabriquer les produits dont tu as besoin pour ne pas que tu devienne menaçant, finalement.... Et comme celà , nous te tenons , nous te ficelons à ton syndrôme et érigeons le tout à la vue de tous en disant haut et fort , voilà , voilà pour qui le grand capital doit aujourd’hui travailler. Pour que le dépressif revienne dans le rang de la grande marche consumériste, pulsionnelle , et légitime jouisseuse tout en ne lui opposant aucune force de résistance ideologique. Et çà, cette maniere nouvelle de détourner la menace, est tres interessante. .
Alors , est ce qu’à ton avis , la dépression serait une révolte sans objet , une révolte privée d’ennemi direct , d’idéologie à affronter, un sydrôme de révolte floue , sans possibilité d’incarnation, sans possibilité de devenir le sorcier, le damné , l’impie , le subversif , l’opposant au régime et ainsi , sans pouvoir , des mots aux canons , ....prendre les armes et se battre ?
Si oui , si c’est vraiment le cas , si le systeme récuprere la dépression du dépressif pour en faire une nouvelle norme consumériste , l’herbe de la révolte n’est elle pas coupée sous les pieds ? Ne reste t il pas alors dans le corps d’une femme ou d’un homme , les effets physiologiques de la révolte, ... alors que sa formalité et ses causes seraient dissimulées au sujet et donc , lui seraient devenues inaccessibles ? N’est ce pas çà , le nouveau syndrôme ? Une révolte non ancrée , sans ennemi , sans forteresse à prendre , sans livre à brûler ? Un malaise psychique , malaise de ne pouvoir ancrer son etat de refus à un objet plus identifiable que le vague " Systeme " ? Une révolte sans direction , sans vecteur , qui ne laisserait plus qu’au révolté , un bouillonnant conflit psychique , physiologique et hormonal et ce sentiment sourd d’impuissance , qui mènent parfois les plus sensibles d’entre nous ... à l’abandon....
Merci de ton article , GRL
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