Posons que la crise financière soit due aux crédits pourris ; Posons que ces crédits pourris soient, pour l’essentiel, constitués de crédits ayant été accordés à des gens non solvables et/ou garantis sur des biens dont la valeur est...dégradable.
Posons aussi qu’il y ait eu des montages tels, à partir de ces Junk bonds, des notations positives telles que le risque de base se soit retrouvé mécaniquement amplifié.
Qui serait alors responsable de la déroute ?
Bin, d’abord les emprunteurs, à moins de les considérer comme des décervelés ou des irresponsables tous bons à mettre sous tutelle.
Ensuite les commerciaux des banques qui ont poussé les emprunteurs à accepter le risque d’impasse
Ensuite, l’effet du nombre car trois impasses ça passe ; trois millions d’impasses, ça ne passe plus du tout.
Or à l’effet brut du nombre, s’ajoute l’effet pervers de la dévalorisation de chaque bien (ou de chaque potentialité de remboursement) Plus on met de biens sur un marché, moins ils valent cher.
Comme dans le drame de Furiani, il y a certes des responsabilités individuelles précises mais il y a également une "responsabilité" collective (Sur les tribunes en tubes de Furiani, la foule s’était mise à taper des pieds en rythme)
Autant en profiter pour rappeler que s’il y a tant de morts évitables en France, c’est dû en partie au fait que nous ne donnons pas suffisamment nos produits sanguins. Responsabilité collective donc, dans laquelle personne ne se sent personnellement responsable. Idem au sujet de la saleté des chiottes
Revenons à la crise financière.
Quels étaient les premiers qui auraient dû percevoir la hauteur du risque ?
Bin je dirais les banques, les assureurs, les agences de notation
Mais, sauf à dénier toute présence de bon sens chez les emprunteurs, eux aussi auraient pu subbodorer le risque boule de neige.
Ce qui nous amène à la question de l’évaluation du risque d’une part et de notre propension à l’accepter d’autre part.
Mettons qu’un banquier nous dise "Attention, là vous vous lancez dans une opération où le risque de plantage est de 1/1000"
Ou la la, ! Ca fait un peu peur comme il le dit avec ses gros yeux. Mais bof, comme le voisin a fait pareil, pourquoi ne pas en faire autant. Et on accepte ce risque comme celui de monter dans une voiture ou un avion
Mettons que trois mois plus tard, au sujet d’un autre emprunt, le même banquier nous dise "Attention, là vous prenez un risque de 1/100"
Ou la la ça fait peur, surtout quand c’est dit avec ces gros yeux !
Mais bof, après tout, comme on ne parvient pas à sentir la différence entre 1/1000 et 1/100, ça ne fait pas un tremblement. Et puis de toutes manières les voisins sont eux aussi passés à des prises de risque de 1/100.
"Qui ne risque rien n’a rien"
C’est bien connu n’est-ce pas ?
Alors ça peut continuer comme ça jusqu’à des hauteurs de risque énormes. Enfin énormes seulement le jour où ça pète. C’est toujours quand un avion s’écrase avec 300 personnes à bord qu’on se dit que c’est un risque fou d’entasser autant de gens dans un tube volant.aussi haut. Mais bon, le lendemain, on part quand même aux Seychelles en avion.
Il faut quand même bien voir qu’il y a marqué "Fumer tue" sur les paquets de clope, ce qui n’empêche pas des tas de gens de fumer. 1 fumeur sur 2 mourra d’un cancer dû au tabac, tout le monde sait cela, ce qui n’empêche pas des millions de gens de fumer
Est-il besoin de démontrer que le risque est notre aiguillon et que les catastrophes nous fascinent (Au fond, c’est la mort, le morbide qui nous fascine. Car c’est l’incarnation de nos limites)
Ne sommes-nous pas curieux de découvrir jusqu’à quelle vitesse peut monter notre voiture ? (Ca me fait penser qu’il faudra que je vérifie ça sur mon vieil Espace)
Et puis tant de gens ont explosé les compteurs du possible en prenant des risques insensés, et ont réussi à échapper à la mort, au désastre !
Ce qui nous amène à nous interroger sur les risques que là, en ce moment, nous sommes en train d’accepter de prendre. Bin oui, là, en ce moment, nous sommes quelques millions à avoir sur le dos des crédits, des bons, des biens...beaucoup plus sûrs
Quoi ?
Plus sûrs, vraiment ?
Alors si vous, qui avez sur le dos des crédits forcément risqués (et d’autant plus risqués que l’effet boule de neige peut se poursuivre) vous n’êtes pas un débile, si votre banquier n’était pas un salaud quand il vous avait dit oui, pourquoi les autres, ceux qui sont impliqués au premier rang dans l’impasse des subprimes US, le seraient-ils ?
Quoi ?
D’un côté en jouant un risque à 3% on serait un sage et de l’autre en jouant un risque à 5% on serait un irresponsable ? Où est la Table divine qui fixe les limites séparant le sage du fou ?
Quoi ?
Un banquier qui dit OUI est un salaud ?
Euh attends Simone, on a été des millions à traiter notre banquier de salaud quand il nous a dit NON. Faut que je te repasse la bande en arrière ?
Bin non les amis, rien, absolument rien n’est plus sûr que la mort et tout ce que nous faisons c’est de danser avec elle, de jouer avec le feu.
Alors conduire certains d’entre nous au bûcher, c’est dénier notre propre participation au casino, c’est nous comporter en irresponsables.
Les seuls à n’avoir aucune responsabilité dans le désastre de ce système ce sont ceux qui n’y ont vraiment jamais participé ; cas des Himbas, des Bochimans et autres Zoulous.
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération