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Alain Michel Robert Alain Michel Robert 7 novembre 2008 16:59

On attribue à Malraux cette fameuse phrase  : « Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas. » Or, il ne l’a très probablement jamais dite en ces termes la. http://www.andremalraux.com/malraux/articles/21emesiecle.pdf

Par contre, il s’est fortement interrogé sur la capacité de l’homme du XXIe siècle à réinventer ses dieux.

 
Pourquoi se réinventer des dieux me direz-vous ? on a eu assez de mal à s’en débarrasser ! Simplement parce qu’il y a une dimension immense de l’être humain, une part très importante de son identité, qui demande à croire et à être cru pour se sentir existant à lui-même et au monde. La foi.

On peut comprendre quelqu’un sans l’aimer, mais on peut ne pas avoir foi en lui sans l’aimer. La croyance est liée à l’amour. Un enfant ne grandit pas parce qu’on lui dit des « je t’aime » (nécessaire, bien sûr !) il grandit surtout parce qu’on lui dit  : « Je te crois ! » Les hôpitaux psy sont remplis de gens qui ont été « aimés » (amour fusionnel, amour possessif, amour jaloux, amour destructeur, amour pour qui l’autre est un objet, un miroir narcissique…) mais ils sont vides de gens qui ont été crus. Pour croire en quelqu’un il faut être décentré de soi… Alors, l’amour peut naître entre toi et moi.

 
Pendant longtemps j’ai vécu avec cette question : « Où se rejoignent Dieu et l’Homme ? » Mais cette question est une fausse question, une question de lâche, un détour pour éviter de prendre la responsabilité de son humanité… parce que Dieu, s’il existe, ne peut être que le point de rencontre entre l’Homme et l’Homme.

Tout a été dit et écrit sur la névrose chrétienne dont on ne sait pas si c’est cette religion qui la créée ou si elle attire les névrosés. Tout peut être dit aussi sur la prison juive ou sur la violence intrinsèque de l’islam. L’athéisme lui aussi est une croyance : c’est la croyance que Dieu n’existe pas. L’agnosticisme bouddhiste, lui, se refuse d’aborder la question de Dieu puisqu’il considère que Dieu est de toute façon hors de toutes conceptions humaines et qu’il est donc inutile de vouloir se le représenter. Le bouddhiste lui-même (tout du moins le bouddhisme zen) se défend d’être une religion parce qu’il se considère plutôt comme une « philosophie de l’être ».

 Il y a déjà presque 100 ans Teilhard de Chardin écrivait : « Dieu est le nom donné par l’Homme à l’être consommé. » Cet aphorisme nous met en face de notre responsabilité d’être humain, toutes les religions ne sont que des pédagogies, elles sont faites pour être traversées. Au-delà, il ne reste que ce que l’on nomme certainement maladroitement « Dieu », mais qui est plus probablement « l’Homme livré à l’Homme » et ne vivant du divin plus qu’une seule transcendance : l’angoisse de la liberté avec l’autre comme seul salut.

C’est ici, enrichi par l’Histoire (fût-elle sainte), que Dieu doit être réinventé.

Dieu n’a jamais été qu’une invention sans cesse réinventée. Aujourd’hui nous n’avons plus rien à attendre de neuf des religions : place au Souffle de l’Esprit...

 

 

 

 

 

 


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