Je suis bien d’accord avec l’auteur de cet article : rétablir une réelle formation psychiatrique pour les infirmiers - voire les médecins !!! - et multiplier les moyens humains paraît une nécessité, afin, notamment, de pouvoir envisager des soins à domicile pour les malades les plus en souffrance. Surtout que ces patients souvent dans le déni se rendent difficilement au CMP ou en consultation. Leur maladie les empêche de demander de l’aide. Et, de ce fait, ils se mettent en danger.
Lorsque j’ai écrit "Histoire d’une schizophrénie - Jérémy, sa famille, la société", publié il y a quelques mois aux éditions Frison-Roche, j’ai cru que cet état des lieux, qui donne la parole aux proches, allait faire bondir les soignants car par le récit poignant de la vie de ce jeune schizophrène (la première partie du livre), je pointe bien des dysfonctionnements. Bien au contraire ! Les infirmiers, les psychiatres, les ergothérapeutes, les assistantes sociales... se reconnaissent dans ce tableau hélas très réaliste. Eux aussi sont en souffrance, demandent à ce que leur travail, difficile, soit reconnu. Il est important d’écouter ce qu’ils ressentent, de dialoguer, et non pas de se cantonner à des idées reçues, trop souvent fausses, quant aux troubles psychiques.
Dans mon livre, je parle beaucoup de l’Unafam, une association de familles ou amis ayant un membre touché par la maladie... Le président, Jean Canneva, évoque avec beaucoup de finesse non seulement ce qui est, mais ce qui devrait être. Si on l’écoutait un peu, je pense que la société pourrait enfin avancer dans une direction plus humaine, avec efficacité, et pour le bien du plus grand nombre !
À une époque où on stigmatise sans nuance la violence des schizophrènes, faut-il le rappeler : c’est contre eux-mêmes que ces malades font le plus de mal... Ils se détruisent, souvent. S’ils étaient un peu plus entourés, leur situation serait bien moins dramatique. Jérémy ne serait pas mort, aujourd’hui, s’il avait pu être aidé par des soignants suffisamment nombreux et préparés à lutter contre la maladie...
Car le seul ennemi, rappelons-le, c’est la MALADIE.
Le débat actuel permettra peut-être (soyons optimistes !) à la psychiatrie d’évoluer, d’aller dans le BON SENS. Je ne souhaite qu’une chose : que mon livre soit dépassé, rapidement, que l’on puisse dire : "Ce n’est pas possible ! C’était ainsi, alors, au début du XXIe siècle ?" Oui ! Pourvu que ce témoignage puisse très vite paraître incroyable...
Anne Poiré
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