Ah, me voilà bien eu, ma ruse est éventée. Décidément Paul, on ne vous la fait pas, c’est avec une courageuse maestria que vous fîtes sauter ma couverture. Votre admirable dénonciation de mon venimeux sarcasme vous vaudra de figurer parmi les générations futures, parmi les éclaireurs de ce sombre XXIème siècle.
Mes amis du Point et moi-même allons donc faire notre mea culpa, et rédiger dès lundi une nouvelle campagne d’abonnements. La lettre d’icelle sera signée d’un assistant-aide comptable adjoint stagiaire (pour ne pas flatter les bas instincts du lecteur par le pouvoir de séduction de la star). Elle indiquera au lecteur que l’offre qui lui est proposée est tout à fait banale et qu’il ne doit en rien croire que nous lui réservons un traitement de faveur. Le lecteur potentiel sera également averti de ce qu’une éventuelle réponse favorable de sa part à cette sollicitatiion ne saurait en rien profiter aux finances du journal. On pourrait même lui préciser, afin de contourner le leurre d’appel humanitaire, que sa qualité de lecteur lambda pourrait bien compromettre la réputation du Point, qui gagnerait plus à être lu par des personnalités hors du commun.
Le récipiendaire du courrier se verra aussi notifier la liste des journaux qui vendent plus que le Point, dont il sera précisé qu’il n’est qu’un humble titre hebdomadaire surpassé par de nombreuses publications de meilleure facture et au public plus nombreux. Foin de pression du groupe sur l’individu.
Plus sérieusement mon cher Paul, je n’ai évidemment rien à voir, de près ou de loin, avec le journal Le Point, ni aucun autre journal d’ailleurs. Je suis un simple citoyen, qui s’émeut de voir tant d’outrance dans vos propos, qui sont contre-produtifs dans la défense de vos positions qu’au fond je ne suis pas loin de partager. Mais l’argumentaire de vente (d’un produit, d’un service, d’une idée politique...) est aussi vieux que le monde : qui ne souhaite pas présenter ce qu’il souhaite vendre sous son meilleur jour ?
Au lieu de hurler à la pernicieuse manipulation devant l’exercice de style ridicule que constituent la plupart des courriers de services abonnements de la presse, dont personne n’est dupe, pourquoi ne pas mener une étude sérieuse sur la grande déculturation induite par la société d’hyperconsommation ? Je suis sûr que ce thème vous parle, et que vous avez la capacité de la traiter avec sérieux.
Je ne connais personne qui pense réellement qu’Ariel procure à ses vêtements une couleur "plus blanc que blanc" - par contre nous sommes tous entourés de personnes persuadées qu’une condition nécessaire de leur épanouissement est la possession d’un téléphone portable à écran tactile, et que les oeuvres complètes de Francis Cabrel valent bien les recueils de poèmes du rétrograde Ronsard.
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