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Reinette Reinette 7 février 2009 21:09

1994. L’État français est alors le soutien essentiel du Hutu Power qui massacre méthodiquement un million de Tutsi au Rwanda. Le 9 mai, en plein génocide, Rwabalinda, un haut responsable militaire du gouvernement intérimaire rwandais rencontre en France le chef de la Mission militaire de coopération. Au menu notamment : l’amélioration de l’image du régime génocidaire…

Or, voilà ce que rapporte le général Dallaire, dirigeant de la force onusienne, à propos de la visite de Kouchner au Rwanda 3 jours plus tard comme émissaire de l’Élysée : « Il m’a annoncé que le public français était en état de choc devant l’horreur du génocide au Rwanda et qu’il exigeait des actions concrètes. Je lui ai exposé ma position : pas question d’exporter des enfants [et de] s’en servir comme porte-enseigne pour quelques Français bien-pensants. J’ai détesté l’argument de Kouchner qui estimait que ce genre d’action serait une excellente publicité pour le gouvernement intérimaire. […] Je n’aimais déjà pas l’idée de faire sortir du pays des enfants rwandais, mais se servir de ce geste pour montrer une meilleure image des extrémistes me donnait la nausée.  » [1]

L’opération capote, mais Kouchner revient à la charge, pose devant les caméras un orphelin dans les bras, et demande l’autorisation auprès de Dallaire de faire intervenir l’armée française à Kigali, ce qui mènerait vers la partition du pays. Nouveau refus du général onusien, mais l’idée est là : faire intervenir la France au nom de l’humanitaire, alors que 90 % des victimes tutsi sont déjà exterminées. L’opération Turquoise organisera finalement le retrait et la protection des forces du génocide.

Kouchner fustige « l’aveuglement criminel » de Mitterrand, comme si l’ancien Président était mal informé. Au sujet de l’implication française, il y va parfois au culot : « L’armée française n’a pas plus organisé le massacre qu’elle n’a participé directement au génocide  » [2], alors qu’on connaît aujourd’hui le rôle logistique des militaires français dans la machine d’extermination [3].

[1] Roméo Dallaire, J’ai serré la main du diable, Libre expression, 2004.

[2] Ouvrage collectif, Rwanda : pour un dialogue des mémoires, Albin Michel, 2007.

[3] La nuit rwandaise, n°1, 2007, pp. 129-141 et 157-171.


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