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Marc Bruxman 6 avril 2009 19:26

Pourquoi le G20 n’y peut pas grand chose

Le G20 ne pouvait pas faire grand chose. Des contrats ont été signés et émis, ce qui signifie que pour chaque banque qui a émis une saloperie (pour elle), il y a de l’autre coté un gagnant qui empoche la mise. (Souvent une autre banque). 

Prenez la faillite d’AIG, et bien effectivement cela a "rapporté" à nombre de banques européennes qui ont empochées l’assurance qu’elles avait souscrites. Or nombre de dérivés ne sont que cela, une assurance sur une position. Sauf qu’effectivement contrairement à une véritable assurance, elle vous engage à prendre plus de risque vu qu’on ne peut pas la résilier pour "mauvais trading". 

Or, si vous prenez une assurance par exemple contre l’incendie, vous vous attendez à ce que votre assureur paie si votre bien crame. Et si il ne peut pas payer vous êtes dans la merde. Logique. Or, la des banques ont jouées, se sont assurées auprès de 5 grandes banques américaines et .... ont perdues. Entrainant pour les 5 banques qui assurent des pertes colossales puisqu’elles doivent rembourser les joueurs. 

La principale raison de ce fiasco c’est que la prime de risque a été mal calculée car le risque a été mal calculé (le fameux problème des agences de notation). Mais c’est avant tout le problème de l’assureur et donc majoritairement des banques US. Le problème des banques dans le reste du monde est plutot de faire "payer" ces banques US. Et c’est justement pour cela que l’état US est intervenu, car sinon cela allait créer de graves incidents diplomatiques en entrainant la faillite en chaine de banques dans d’autres pays. 

Les répercussions et la chute de tout cela ne sont pas terminées et il reste des actifs pourris liés à la bulle immobilliére, notamment les prêts à option. Donc la priorité est aux urgences à savoir éviter un effondrement généralisé de l’économie mondiale. Après, il faudra voir pour des régulations à plus long terme. 

Le Mark-To-Market

Comme cela a été signalé dans un des rares commentaires intelligent de ce post, la régulation a changé et les banques ne sont plus obligées de valoriser leurs actifs au cours du marché dans leur bilan. 

Temporairement cela va aider à stabiliser la situation. Car il reste des actifs pourris, et que leur dépréciation de masse pourrait anhiler le système bancaire. Sachant que le gouvernement US aura cette fois ci toutes les peines du monde à le remettre en marche à coup d’injection de capitaux. 

Mais au dela de cela, c’est plus la façon dont les actifs sont comptés au bilan qu’il faudra revoir. Car ni le mark-to-market ni son annulation ne sont de bonnes solutions. Et c’est la que cela devient complexe et passionnant comme sujet. 

Pour être plus clair, sur les défauts du Mark To Market c’est comme si vous avez un appartement dont le prix varie. Soit vous considerez que vous n’avez rien gagné ou perdu tant que vous n’avez pas vendu et cette façon de compter peut être la bonne vu que les prix fluctuent parfois violamment. (Problème de la moyenne mobile). Soit vous considerez que votre appartement a perdu 15% cette année et que si vous devez le vendre en urgence, il vaut donc 15% de moins. Ce qui est également parfois la bonne façon de compter. Le problème est effectivement complexe. 

Et la suite ? 

Le gouvernement US vient de se faire "toaster" par les erreurs de ses banques, puisque sa dette est maintenant irremboursable. Le monde est donc devenu géopolitiquement instable. C’est une situation assez grave, d’autant que tous les états sont en fait dans la même situation. Ce qui signifie qu’il n’y a plus de pouvoir politique "solvable". Or ce même pouvoir politique traverse une crise de sens au même moment. En conclusion ce pouvoir politique est temporairement du moins "mort". 

Or il n’existe que trois pouvoir :

  • Un pouvoir politique. Très mal en point en ce moment. 
  • Un pouvoir religieux et/ou moral. Proche de la mort dans de nombreux pays du monde. 
  • Un pouvoir marchand. En difficulté, mais on continue d’avoir besoin d’acheter et de vendre. 
Il y a par ailleurs, une transition technologique en cours qui rend le pouvoir marchand moins dépendent du pouvoir politique. Or, c’est la donnée du puzzle qui manque le plus dans les analyses et elle est sous-estimée. Le monde industriel avait besoin d’un pouvoir politique fort pour être puissant. Le monde de services dématérialisés qui s’ouvre en a beaucoup moins besoin. Ou plus exactement si, il a besoin d’un pouvoir politique "minimal". Et pourrait donc au final très bien s’accomoder d’un affaiblissement du pouvoir politique tant que cet affaiblissement n’est pas total. (Permet de conserver un ordre public). C’est cette direction pour l’instant que prend le système qu’on le veuille ou non. (C’est un autre débat). 

Le vrai enjeu de la crise est la, pas ailleurs. Et il ne pourra être résolu que lorsque un nouvel équilibre des pouvoirs sera en place. Cela va prendre dix ou vingt ans. D’ici la, il y aura des montagnes russes avec de belles reprises et de grosses crises. Des avançées et des reculs. Mais au fur et à mesure que nous sortons de l’ére industrielle se dessine une économie de l’immatériel dont tout est à écrire. 

Le monde a déja connu des crises similaires notamment à la fin du moyen-age (invention de l’imprimerie qui nous as fait passé du moyen age à l’ancien régime), au XVIIIème et XIXème siécle (lente transition du monde agricole vers le monde industriel qui nous as donné la démocratie). On s’en est toujours sorti et même si à chaque fois le prix à payer a été important, le résultat a été positif.



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