@Julien et @Tristan
je crois que vos deux positions ne sont pas vraiment éloignées, juste que chacun d’entre vous met en relief des aspects différents du même problème.
je suis un professeur en difficulté, avec les élèves de collège (pas avec le lycée), et avec ma hiérarchie, que je conteste pour sa rigidité, son esprit obtus et fermé, et globalement son inutilité (quand ce n’est pas pernicieux).
Plus je me penche sur les problèmes de l’école, et plus ils me semblent insolubles.
- en premier le système de valeur qu’on propose aux élèves ne correspond plus du tout à quelques chose de compréhensible, doué de sens, pour eux. Dans ces conditions, il n’y a pas d’enseignement, ni de culture, au maximum le dressage d’esprits soucieux d’intégration (et s’il pouvaient être intégré par l’école, ce serait déjà bien). Et le problème dépend du contexte social, non pas de l’école, ce n’est pas à l’école de brader ses valeurs, c’est la société qui devrait soutenir l’école (et si on tape sur les fonctionnaires, si l’on transforme l’accueil en contrainte, on ne va pas dans le bon sens).
quel est le sens de obliger les jeunes à rester en classe quand il n’ont manifestement rien à faire là ? et pour la simple raison qu’ils ne n’ont pas envie, ni la motivation. Je sait que mettre en question le collège unique et le présupposé tout théorique et indiscutable d’une certaine gauche sur la nécessité d’ « éduquer » tous le monde, signifie se mettre à dos une bonne partie de l’EN, mais bon, il faut regarder la réalité : pas tous le monde a envie d’être éduqué, et il faut peut-être chercher d’autres voies pour ceux là, (à part le fait que l’école n’a pas à éduquer= ex ducere, conduire hors de, élever, comme le dit Julien, activité complexe qui ne peux passer que par la famille, par l’amour, pour atteindre et fonder le collectif, le social).
- autre hérésie : à quoi ça sert de garder une école obligatoire quand 15% en sortent illettrés ? (ça fait moins de chômeurs...) ; on ne pourrait pas les employer différemment ? ce ne serait pas plus profitable pour eux et pour tous le monde qu’ils jouent au foot plutôt ? mens sana in corpore sano... ; pourvu par exemple qu’ils puissent reprendre leur parcours à n’importe quel moment de leur vie, quand ils en verront l’intérêt.
- les diverses et fumeuses théories sur l’éducation et la pédagogie : rien de plus pernicieux (voir les dégâts de la méthode globale, bien jolie et correcte en théorie...justement) : malheureusement depuis Platon personne n’a réussi à trouver la bonne manière d’enseigner, qui reste un art difficile et absolument contingent, fait de rapports uniques entre chaque prof et chaque classe, et le dressage des IUFM, inspections, et tout le tintouin, ne sert qu’à valider les capacités d’un prof ou d’un élève à se soumettre à des codes (=dressage). Et moi qui croyait que l’esprit critique était une capacité personnelle et individuelle de se mettre en relation avec le monde ! Quand mon inspectrice prétend de me dire comment « je » dois faire...je me met en maladie.
il faudrait peut être laisser plus de liberté aux profs, plus de responsabilité aux individus (plutôt que les infantiliser avec plein de règles sectaires), quitte à laisser des mauvais profs dans les classes, mais vous croyez qu’un prof noté aux maximum parce qu’il a bricolé le cours type devant son inspecteur soit vraiment meilleur prof que n’importe quel pékin moyen ? Ne croyez vous pas que les bons profs sont ceux qui aiment leur travail ?
peut-on élaborer un CAPES qui évalue l’amour du métier ?
Perdue dans mes réflexion, je vais changer de métier.
Loredana.
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