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Mmarvinbear mmarvin 22 août 2009 11:00

Pfff c’est fatiguant tous ces pseudos-philosophes qui découvrent l’existence de l’eau froide...

C’est vrai, il se passe pas une semaine sans que sur un site ou un autre, on ait un clone de BHL qui vienne se répandre sur ce qu’il croit être le « mal du siècle », la « cause de tous nos problèmes » ou encore « l’instrument du grand complot judéo-maçonnique »...

La télévision est un objet à part entière : jamais objet ne fut autant dénigré qu’elle, et pourtant jamais objet n’ a eu une telle fascination chez tous, que ce soit en terme d’attraction ou de répulsion. Même une mitrailleuse AK 47 kalachnikov ou un missile à tête nucléaire ne suscite pas autant de débat...

« La télévision est une sacrée salope. Une de ces filles faciles qui s’offrent à nous sans aucun effort. » : Ce genre d’aphorisme à la con est un parfaite illustration de ce qu’est en vérité la télévision. Un miroir. Une télé, quand on décide de l’allumer, est avant tout un reflet de ce que nous sommes, de ce que nous voulons voir. Cet objet ouvre sur le monde, mais aussi nous ouvre sur nous-même, sur ce que nous aimons, sur ce à quoi nous aspirons et sur ce que nous voulons y trouver. Si tu y vois une pute, c’est que au fond, tu n’aspires qu’ au sexe tarifé. Je n’ai rien contre, à condition de l’assumer.

"Par le biais de cette fenêtre jamais assez grande elle nous laisse entrevoir son intimité, se livre toute entière sous nos yeux passifs et bovins.«  : C’est le grand reproche qui est faite à la télé. La passivité. Mais si on ose bien se regarder, on verra que cette passivité est en fait désirée. Vous voulez vous avachir devant elle pour des raisons multiples. Parce que vous avez passé les douze dernières heures à bosser au bureau et à torcher vos mômes enfin couchés, et que vous voulez vous vider la tête de vos soucis et de vos obligations. Parce que pour une raison X ou Y, vous ne voulez pas bouger de la journée. Parce que vous voulez avoir un motif de vous plaindre d’avoir glandé devant toute la journée.

C’est au fond la même raison qui vous pousse à gémir devant le fait qu’ au 13 heures de Tf1, l’accent est mis sur le drame causé par la disparition du dernier maréchal-ferrand spécialisé dans le ferrage des mammouths. Vous vous plaignez de ne pas voir d’images ou d’infos de la dernière tuerie africaine ou asiatique à ce moment là, mais vous en ignorez également la diffusion du reportage à ce sujet diffusé le soir même ou dans la semaine à 20h 50 ou à 22 h 40, sur la même chaîne, ou celle qui est juste en face. Ce qui est normal : vous ne voulez pas rater la diffusion de la dernière copulation dans la douche entre Melissa et Kevin, filmée par douze caméras et dont les morceaux les plus hots sont hypocritement masqués d’un petit bandeau noir, histoire de vous en plaindre par la suite...

 »Notre société ne privilégie plus le savoir et la curiosité.«  : mais comment imagines tu que cela a été un jour le cas ? Savoir et curiosité ont toujours existé, mais jamais au premier plan. Ils sont toujours restés derrière des notions plus pratiques comme la survie, le repos, la flânerie.

Et ne va pas croire que la télévision a tout changé : bien avant qu’elle n’entre dans les foyers, la radio passait avant tout opérettes, bluettes et variété de l’époque. »la science et la vie« s’est toujours vendue, mais moins que »tricots et lainages« ou »le nouveau détective« ...

Quand à ce que nous lasserons à la postérité... Si nous avons l’intelligence de préserver ce que nous savons, de transférer ce savoir sur les nouveaux supports afin de ne pas perdre de connaissances à cause d’une incompatibilité technologique comme cela s’est passé quand le papier a supplanté le parchemin, ou quand le parchemin a supplanté la tablette d’argile, il restera pas mal de nous quand même.

Le plus important, c’est qu’il ne faut pas oublier que c’est nous, qui décidons de ce que nous sommes, et de ce que nous faisons.

 » L’existence est hasard. Aucun sens, sauf ce que l’on imagine à la contempler trop longtemps. Aucune signification, sauf ce que nous y mettons. Ce monde sans gouvernail n’est pas formé par de vagues formes métaphysiques. Ce n’est pas Dieu qui tue les enfants, ni la malchance qui les massacre, ni le destin qui les fait dévorer par les chiens. C’est nous. Rien que nous."

Rorchasch.


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