Le jugement de Dogan Özgüden sur le régime d’Ankara et sa politique étrangère me semble parfaitement exact. Malheureusement les Européens n’y portent pas suffisamment d’attention, sauf les membres de la communauté arménienne et les habitants des pays limitrophes, les Grecs en particulier. Quant aux Etats-Unis, ils soutiennent ce régime coûte que coûte parce que la Turquie est leur base avancée face à la Russie. C’est pourquoi la reconnaissance du génocide arménien par Obama est peu probable.
Dogan Özgüden a raison de dire que les dirigeants européens sont complices du régime d’Ankara dans la négation du génocide des Arméniens. Ils suivent la politique des Etats-Unis.
Mais je ne suis pas d’accord avec les deux dernières phrases de son discours. « La Turquie doit déchirer les mensonges de ses dirigeants et de ses médias, elle doit reconnaître le génocide des Arméniens, Assyriens, Grecs et Kurdes si elle veut vraiment prendre une place honorable dans la famille des pays démocratiques. Ceci est la condition sine qua non d’une adhésion turque à l’Union européenne. »
Les polémiques sur l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne reposent en grande partie sur le désaccord sur la définition de l’Union Européenne. Désaccord sur les frontières, désaccord sur la façon de vivre ensemble. Je passerai rapidement sur la question des frontières. Pour mettre une frontière entre l’Europe et l’Iran, il faudrait réviser la géographie. La principale raison pour refuser définitivement l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne n’est pas la géographie, ni la religion, ni même la culture, c’est le type de civilisation.
Tous les pays de l’Union européenne ont le même type de civilisation parvenu à maturité à l’époque de la Renaissance. Pendant des siècles ils ont eu des universités construites sur le même modèle, que ce soit à Bologne, Oxford, Paris ou Ratisbonne, d’où sont sortis des milliers d’intellectuels qui ont encadré la société civile. Pendant des siècles, ils ont eu des savants et des philosophes qui se connaissaient et échangeaient leurs idées en latin. Pendant des siècles ils se sont fait la guerre mais leurs rois et leurs princes partageaient les mêmes valeurs.
Pendant tout ce temps l’Empire Ottoman poursuivait sa politique expansioniste. Les califes s’installent à Istambul, l’Ancienne Constantinople prise à l’Empire Byzantin en 1453. On assiste à la croissance puis au déclin de l’Empire Ottoman, qui recule sous les coups des pays occidentaux, pour se réduire à la Turquie à la fin du XVIIIe siècle. Pendant tout ce temps, la Turquie n’a jamais eu d’universités, de savants et de philosophes.
Quand il a pris la tête du pays en 1922, Atatürk a donné à la Turquie un vernis occidental, mais il n’a rien changé aux bases de la civilisation ottomane. Deux civilisations aussi différentes que les nôtres peuvent établir des relations de bon voisinage, mais elles ne peuvent pas cohabiter.
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