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citoyen 9 juillet 2009 17:16

Mais ils les ont peut etre lus , ces ouvrages de sociologie de l’éducation , ils les ont peut etre lus ! Et analysés , et médités . Et peut être qu’ils ont jugés que ces ouvrages n’étaient guére convaincants....

Par aillleurs , il y a une corrélation entre filiére scolaire et milieu social d’origine ... mais corrélation ne veut pas dire lien de cause à effet . Personne n’interdit à un fils d’ouvrier d’aller en section S, pour peu qu’il ait le niveau .

Il est vrai qu’il n’y a (à peu prés ) égalité des chances que s’il y a égalité de niveau scolaire . Or cette condition préalable n’est pas en général remplie . Le jeune de milieu populaire naît /vit de telle façon que le plus souvent , déja à 5 ans , son vocabulaire est moins riche , sa mobilité mentale est moins marquée , il a moins d’aperçus sur le monde , sa sociabilité est moins aisée que celle de son petit camarade (mais pas ami , hélas , car il ne pourraient le plus souvent pas se fréquenter , ne vivant pas dans les mêmes quartiers). Il n’a le plus souvent tout simplement pas le niveau, et je le déplore . Rien à voir ici avec un quelconque mérite personnel . Etant personnellement une exception ( c’est ainsi , et cela ne m’empêche pas de dormir ... ) en tant que seul et unique ancien éléve de grande école - d’aprés notre annuaire des anciens éléves tout au moins - dans la ville industrielle de 15000 habitants où je vis, je le vois bien sur les petits collégues de CM2 de mon fils.

Que faire contre cela ? Un cursus séparé de remise à niveau cognitif , culturel , comportemental, ne serait il pas stigmatisant ? Et quelque part , les parents ne s’y opposeraient ils pas , en vertu d’une inconsciente volonté de prolongation d’eux mêmes , de ce qu’ils sont , par leurs enfants ? Ne le vivraient ils pas comme un insupportable colonialisme culturel ? Ces questions ne sont pas simples du tout .

J’écrivais plus haut : « à peu près » égalité des chances. Une des conditions indispensables de cette égalité est que les études soient véritablement gratuites . Actuellement , en France , nous avons la chance d’avoir un système où l’enseignement public , diversifié et de qualité , est quasi gratuit quand aux frais d’inscription ( même à Centrale , même à Sciences Po. ...) . Il y a en revanche un coût élevé pour les frais d’entretien du jeune , notamment si ses parents n’habitent pas la ville où leur rejeton étudie . Les cités universitaires, pourtant souvent délabrées, sont loin de proposer assez de chambres pour tous les étudiants qui souhaiteraient y trouver place , et les bourses - de plus en plus restrictives quand aux conditions de ressources des parents - ne permettent pas du tout de vivre et d’étudier dans des coditions décentes . Elles raménent plutôt la famille modeste au choix cornélien : où se saigner aux quatre veines , où laisser vivre son rejeton dans des conditions matérielles proches de celles d’un RMI ste.
Sur ce point , les grandes écoles que l’on accuse tant de ségrégation sociale , sont plutôt un exemple d’égalité républicaine : Faites le tour par exemple de la liste des écoles du sud de paris : Centrale , Supelec , etc... ont toutes autant de chambres en campus que d’étudiants . J’ai un peu perdu ce théme de vue , mais à mon époque du moins , le prix de location pour un éléve boursier n’y était que symbolique . Un jeune de milieu populaire , ayant réussi le concours mais désargenté, ne se trouvait pas écarté de fait pour cause de cherté du logement .
Ce n’est pas le cas dans la majorité des autres filiéres, universitaires notamment .
Peut être conviendrait-il d’avoir moins d’étudiants , mais d’être plus exigeants à leur égard en termes de compétence , assiduité et motivation , et de les traiter mieux matériellement et financiérement , ceci indépendamment de la position de leurs parents . Considérant les études comme un travail à part entière , on responsabiliserait plus l’étudiant en l’aidant à prendre son autonomie , à devenir adulte.
Nous n’en prenons pas hélas le chemin .
un autre point qui me semble trés important est que le jeune de milieu populaire a besoin de commencer à gagner de l’argent ( et à cotiser aux caisses de retraite ) assez vite , ne pouvant imposer à sa famille de longues années de dépendance financière . certainement est ce là une des raisons qui l’aménent à s’auto censurer , et à plutôt choisir des filiéres courtes ? Mais , encore une fois , que faire ? Une famille bourgeoise peut assumer un dilettante qui traine dans ses études et peine à se stabiliser. Une famille populaire ne le peut en général pas. Assurer déja que , parmi les jeunes de milieu modeste , ceux qui ont le niveau et la volonté ne seront pas génés par manque d’argent et ne constitueront pas une charge pour leurs parents serait un pas important . Mais ceci ne peut pas à ^mon sens se faire sans effets pervers par l’attribution de bourses sur critères sociaux . Basées sur les revenus des parents , elles enferment l’étudiant dans un statut de mineur dépendant. Trop faibles quand au montant , elles ne permettent pas de vivre dans des conditions correctes . Trop restrictives quand aux conditions de ressources des familles , elles écartent les classes « moyennes » qui pourtant ne roulent pas le plus souvent sur l’or , elles stigmatisent l’étudiant « assisté » et attisent les divisions entre classes sociales . Que proposer d’autre à la place ? L’Etat est bien impécunieux , et les impôts sont déja bien lourds . Quand à faire appel aux entreprises , la question est trés épineuse ...


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