Si la politique se réglait comme un débat philosophique vous auriez raison, mais il n’en est rien, car la politique est le champ clos des ambitions rivales. La passion comme ruse de la raison est une fiction conceptuelle indissociable de la vision hégelienne de l’histoire comme développement nécessaire de l’esprit absolu !
Tout pouvoir désire toujours plus de pouvoir contre l’adversité, car celui-ci est l’enjeu d’une lutte de tous les instants et est l’objet d’une jouissance telle -indispensable pour le conquérir et le garder- qu’il est incompatible avec l’hésitation qu’impose la recherche de la vérité en philosophie, qui elle exige la distance intellectuelle critique et auto-critique.
Qui croit la détenir la vérité dans le domaine politique n’est pas philosophe mais idéologue. L’homme politique peut faire une usage plus ou moins étendu ou sophistique de la philosophie, mais il ne peut plus se conduire en philosophe, sauf à prendre le risque de perdre le pouvoir.
Dans la lettre VII de Platon, auteur que vous ne semblez pas avoir lu hors de
morceaux choisis (et je ne vous en fait le reproche), a fait lui-même ce
constat.