L’auto-entrepreneur prolétaire (1), un travailleur indépendant sans code du travail
Tel est le travailleur qu’aime la droite et le MEDEF !
L’auto-entrepreneur, une bonne aubaine pour le capitaliste d’entreprise
moyenne ou grande qui bénéficie de ce travail-là via le droit des
affaires. Il est vrai que le sigle PME permet d’amalgamer la petite
entreprise et la moyenne et dans la petite celui qui est seul de celui
qui peut encore disposer d’un ou deux salariés. La crise pousse aux
distinctions.
Des entreprises à taille humaine ! La première entreprise de France !
L’artisanat, le lieu privilégier de l’embauche des apprentis non
qualifiés en formation ! La petite entreprise a eu le vent en poupe ces
dernières années. Même l’altermondialisme a fait l’apologie de
l’artisanat comme conforme au développement durable. Au salon bio de
Guichen la micro-entreprise vente son commerce équitable. L’affichette
de promotion des circuits courts permet l’arrivée de commerçants qui
sur les stands se comportent comme des commerçants traditionnels, le
regard rivé sur les prix.
Le vent tourne à la misère pour les plus petites. Car la très petite
entreprise est fragile. La fragmentation nuit aussi bien au salariés
qu’au petit patron. L’artisan, le commerçant et le petit patron dont il
s’agit sont ceux qui ont pour particularité de n’embaucher qu’un très
faible nombre d’employés ou d’ouvriers : deux ou trois.
Avant la crise, les revenus des petits patrons étaient assez élevés -
au-dessus de 3000 euros par mois en moyennes souvent beaucoup plus.
L’Insee a communiqué en octobre 2009 le revenu moyen des patrons de PME
: 58 260 euros nets par an, soit 4855 euros mensuels. Certains d’entre
eux faisaient travailler dur leurs employés et les payant peu. Quand le
patron dit travailler plus de 12 heures par jour pendant 6 jours on
comprend que cela le rende « exigeants » (2) pour reprendre un bel
euphémisme connu. Le salaire des employés montait peu au-dessus du SMIC
dans beaucoup de petites entreprises alors que les horaires dépassaient
les 35 heures. C’est dans ces catégories sociales que l’on trouve les
individus qui rechignent le plus à payer les impôts. La crise n’a rien
changé à cette attitude.
Avec la crise surgit les licenciements. Le petit patron devient
travailleur indépendant. Le petit patronat qui n’avait que deux
salariés et qui les licencie se retrouve auto-entrepreneur avec un
revenu allant du SMIC à un fois et demi le SMIC. Le revenu moyen des
entrepreneurs /indépendants /(92% des cas) s’élevait en 2005 – dernière
année connue dans les statistiques de l’Insee – à 22 100 euros nets par
an : 1842 euros par mois. La chute est dure. Regardez votre
patron-coiffeuse qui avait un grand salon, un beau 4X4 et une belle
maison sur la côte. Elle est seule désormais et elle doit travailler
ailleurs dans une unité plus petite. Les exemples ne manquent pas.
Si il y a un petit patronat hyper-exploiteur il y a aussi un petit
patronat « patriarcal » qui conçoit son entreprise comme une petite
famille qu’il faut maintenir. Ils souffrent de licencier .
cf . Mesurer le stress du petit patron et la « souffrance du licencieur »
http://eco.rue89.com/2009/10/30/mesurer-le-stress-du-petit-patron-et-la-souffrance-du-licencieur-123946
Le modèle du travailleurs indépendant dans un mode de production
capitaliste dominant est fragile. Il importe de défendre la notion de
bouclier social (2) et fiscal.
Christian Delarue
1) Prolétaire au sens de couche sociale disposant d’un revenu
permettant au mieux de modestes économies en fin de mois (autour de
3000 euros par mois en 2010 en France). Le prolétaire au sens
« classiste » ou marxiste est celui qui vend sa force de travail pour
vivre. Il est souvent les yeux rivés sur sa fin de mois. Il est donc
souvent mais pas toujours un prolétaire au sens d’une conception
stratificannioniste.
2) Bouclier social : Baisser les revenus des uns, augmenter les salaires des autres.
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article873
CES : Pour un grand mouvement de RTT en Europe pour le monde du travail.
http://www.legrandsoir.info/CES-Pour-un-grand-mouvement-de-RTT.html
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