Jeudi matin, Haaretz a publié un papier de Amira Hass que les sionistes se feront un plaisir de commenter. Le voici :
Un soldat des forces de défense israéliennes a appelé Haaretz pour protester contre la publication d’un papier qui, selon lui, non seulement salissait l’image de l’armée, mais aussi avait gâché son jour de sabbat. Il parlait du témoignage de Zinat Samouni, une habitante de Gaza qui racontait comment des soldats avaient tué son mari et leur fils Ahmed âgé de quatre ans, deux parmi 29 personnes de la même famille qui ont été tuées par l’armée entre le 4 et le 5 janvier. Le soldat, qui dit avoir participé au combat, dit que ce récit n’est pas vrai, bien qu’il admette que des soldats « ont gribouillé sur les murs des choses stupides et fausses. »
C’est une attitude courante en Israël. On admet l’existence de graffitis, mais on dit qu’il ne faut pas les prendre au sérieux, que ce sont des blagues. A part cela, tout peut être nié. On peut dire que les photographies de civils tués ont été fabriquées. On peut écarter les témoignages des Palestiniens comme étant des mensonges, des intrigues du Hamas, ou au mieux des faits pris hors de leur contexte, puisque les Gazaouis ont peur de ce que Hamas leur ferait s’ils disaient la vérité.
Les juristes discuteront de la signification du droit international et proposeront des analyses contradictoires. Des hommes politiques noteront fort justement que les Etats-Unis n’ont pas subi de commissions d’enquête par les Nations Unies. D’autres diront que si le juge Richard Goldstone était suffisamment digne de confiance pour être procureur au Tribunal Pénal International sur la Yougoslavie et le Rwanda, et que si son collègue pakistanais Hina Jilani était apte à participer aux recherches internationales sur Darfour, il n’y a aucune raison d’émettre soudainement des doutes sur leurs qualifications, maintenant qu’ils examinent les agissements d’Israël à Gaza. Les conclusions de la commission Goldstone sont en conformité avec ce que ceux qui n’ont pas fermé leurs yeux et leurs oreilles aux rapports des témoins savent déjà.
B’Tselem, le Comité public contre la torture en Israël, Amnesty International, Human Rights Watch, Haaretz et les médias internationaux ont brisé le silence. Mais selon les Israéliens ils sont tous tombés dans le piège des mensonges palestiniens. Dans le meilleur des cas, ils sont prisonniers de leur propre naïveté, et dans le pire, ils participent aux efforts pour salir et abattre Israël. Comme les Serbes d’autrefois, nous continuons de penser que le monde se trompe, et que seuls les Israéliens ont raison.
Israël a frappé sur une population civile qui reste sous son contrôle, sans respecter son obligation de distinguer les civils des militaires ; ses forces armées étaient hors de proportion avec la menace réelle pour ses propres civils. Les drones et les hélicoptères de l’armée de l’air ont tiré des missiles mortels sur des civils, bon nombre d’entre eux étaient des enfants ; les tanks et les navires ont bombardé des bâtiments civils avec des armes non conçues pour des tirs de précision ; les soldats ont reçu l’ordre de tirer sur des ambulances ; d’autres ont tiré sur des civils brandissant des drapeaux blancs ; d’autres ont tué des personnes s’approchant de leurs maisons. Les troupes ont employé des Gazaouis comme boucliers humains ; des soldats ont détenu des civils dans des conditions abusives ; l’armée a utilisé des obus au phosphore blanc dans des secteurs civils denses et, à la veille de se retirer, ont détruit de larges zones résidentielles, industrielles et agricoles.
Une chose est encore pire que le démenti : c’est admettre que l’armée israélienne a fait ce qui a été décrit, mais que ces actions étaient normales et appropriées.
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