Ce que vous écrivez donne à réfléchir, non seulement sur l’Algérie dont il est ici question, mais sur l’ensemble (pour ne pas dire la totalité) des Etats-Nations en ce moment même.
Si l’Algérie s’est laissée abuser par une doctrine aux antipodes de son esprit, de son mode de fonctionnement traditionnel,de sa culture, (en faisant abstraction du fait qu’elle sortait d’une longue période de « colonisation » et d’une guerre très dure pour en finir avec cette forme d’exploitaion), là n’est pas forcément la question. Nul ne sait ce qui aurait pu se produire sans ce passage-là. Ce n’est pas, à mon humble avis, le socialisme en tant que tel qui a conduit ce pays à ce qu’il est devenu, ce sont les hommes qui l’ont mis en place et appliqué. C’est le système qui s’est substitué à un autre système, sans recul, sans approbation populaire.
Pour avoir à plusieurs reprises, entre 1972 et 1983, visité ce pays, d’est en ouest et du nord au sud, pour avoir discuté avec des personnes très diverses, je peux dire qu’à cette période-là, tous les espoirs semblaient encore possibles. L’école, la formation marchaient bien. Certes, il existait des pénuries, mais on pouvait mesurer les progrès d’une année sur l’autre. Les choses ont semblé régresser après la mort de Boumédienne...
C’est à partir du milieu des années 80 que tout a basculé, dans mon souvenir (mais à cette époque là, nous avions cessé de parcourir ce pays). C’est au moment où le système politique en place s’est constitué comme un « en soi », avec toute la rigidité qui s’en suit, et a fermé la porte à l’émancipation sociale et humaine, laissant béante la porte à toutes les irruptions... et c’est à ce moment-là que les islamistes radicaux sont entrés en scène, avec toutes les horreurs que nous savons.
Comme en Europe, ou en France au XIX° siècle, où l’église a tenté de pallier les carences du politique, de faire « la charité », de récupérer ses ouailles... l’islam radical algérien s’est substitué à un Etat devenu défaillant. (Le cas de l’Algérie n’est pas isolé, et d’autres situations, sans que les régimes politiques soient semblables, ont produit les mêmes effets). C’est la misère, c’est l’absence de sens, c’est la perte de repères qui permettent aux religions, quelles qu’elles soient, de s’imposer et d’imposer leurs propres modes de fonctionnement !
Je crains que la « démocratie » que vous appelez de vos voeux ne soit qu’un vain mot à l’échelle planétaire. Quand je lis la presse, quand je constate ce qui se passe ici et ailleurs, je frémis souvent : nos idéaux, ceux des Lumières semblent bien souvent bafoués. La liberté que nous avons, en ce moment, est celle de nous plier aux règles de l’argent roi, du commerce, de « la concurrence libre et non faussée »... Ce que pensent les citoyens, ce à quoi ils aspirent paraît bien étranger à ceux qui se prétendent démocratiquement élus et les représenter !
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération