Un point de vue iconoclaste
"...A certains égards c’est l’anti Home, le film de Yann Arthus-Bertrand qui auscultait la planète depuis les airs en se concentrant sur ses paysages naturels. Mais c’est aussi l’excès inverse : les gros plans sur les visages silencieux, les regards tristes. La contemplation de la douleur humaine. Le Syndrome du Titanic s’achève sur une longue scène de SDF à Los Angeles. Une femme parle toute seule. Un jeune homme dérobe un paquet. Un petit groupe se forme dans la rue à la tombée de la nuit. Pas vraiment de rapport avec le changement climatique ni l’épuisement des ressources naturelles.
Mais au diapason du film. Car ces silhouettes de vagabonds à la dérive dans une mégapole vidée de ses habitants évoquent un autre imaginaire, celui d’un monde d’après l’Apocalypse. En attente du Jugement dernier. Millénariste, le film de Nicolas Hulot ? Par moments. Born again ? Certainement. L’écologiste en fait des tonnes dans le registre de la conversion et de la contrition : « je ne suis pas né écologiste, je le suis devenu », « moi aussi je suis un enfant de cette société de consommation », « où est l’humanité que j’ai aimée ? Etait-ce une chimère ? ». Jamais formulé de front, l’imaginaire religieux scintille tout au long du film.
Pour dire quoi au final ? « Que chacun se convainque lui-même que la mutation radicale est inévitable et souhaitable, et que dès lors elle peut se mettre en marche », explique Nicolas Hulot. Une interpellation politique et un message d’espoir, veut-il donc croire. Mais un film aussi planant peut-il avoir des effets pédagogiques ? Le capitalisme dénoncé est déréalisé, désincarné. Sans histoire et sans acteurs. Sans conflit d’intérêt et sans confrontation avec les systèmes politiques. Inexpliqué. Difficile alors d’imaginer réellement le détrôner.
Pourquoi ne croyons-nous pas à ce que nous savons, se demande le philosophe Jean-Pierre Dupuy dans Pour un catastrophisme éclairé, Quand l’impossible est certain (2004). Dans son livre,
il cherche à comprendre pourquoi l’acquisition de connaissances
scientifiques sur les dangers qu’encourt la planète ne suscite pas
d’action à la hauteur de ce qui devrait être entrepris. La question
taraude les écologistes de par le monde, de plus en plus inquiets de
l’échec annoncé du sommet du climat de Copenhague en décembre prochain.....
Pourquoi l’écologie politique échoue-t-elle à convaincre ? Peut-être
parce que, comme le film de Nicolas Hulot, elle cherche encore son
style politique : voulant faire rêver d’un monde meilleur, elle ne
parvient qu’à faire peur avec une autre fin du monde possible. .." (’Mediapart)
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