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Surya Surya 13 octobre 2009 18:28

Bonjour Fergus,

Voilà un article qui aborde avec courage un sujet plus que difficile, même si sa lecture est forcément difficile en raison des détails que vous décrivez. Je pense que cet article ne peut pas être lu et ressenti de la même façon si l’on est un homme ou si l’on est une femme, la femme comprendra différemment, je pense, même si elle a eu la chance que ce genre d’horreur ne lui arrive jamais (je parle de chance car malheureusement ça peut arriver à n’importe qui, n’importe quand, on fait du vélo sur une petite route de campagne et on tombe sur la mauvaise personne, on rentre un soir chez soi et on tombe sur la mauvaise personne au mauvais moment, on rentre de l’école comme tous les jours et quelqu’un vous balance dans son camion etc...) imaginera et comprendra mieux l’état psychologique dans lequel s’est trouvée cette jeune fille, en plus d’être révolté et écoeuré par le crime lui même. Vous avez donc eu raison d’expliquer ce qu’était la « sidération ». Bien sûr on peut se demander pourquoi elle ne s’est pas enfuie lorsqu’elle avait l’occasion de le faire, mais un état de choc profond comme celui là doit rendre totalement incapable d’agir et de prendre la moindre décision.
Je ne suis pas sûre que l’on puisse s’en remettre dans le sens où l’on continue sa vie en décidant qu’on va faire une croix sur ce qui s’est passé, ou alors c’est un cas d’amnésie, je pense plutôt qu’on réapprend à vivre, ou plutôt on apprend à revivre, en étant obligée d’intégrer dans son vécu ce qui s’est passé. Certaines en meurent, comme vous le dites. L’association Ni putes ni soumises a je crois connu le cas d’une jeune fille qui a subi un viol collectif, a fait ensuite, très jeune, un cancer de l’estomac et est morte. Difficile de dire si les deux événements étaient forcément liés évidemment, mais je ne pense pas qu’il faille non plus les dissocier complètement.

Je comprends votre crainte de prendre des nouvelles de cette jeune fille, et de risquer de raviver une blessure « mettre les pieds dans le plat » si je peux dire, j’ai également connu cette crainte dans un cas qui n’a rien à voir, une petite fille de 6 ans atteinte d’une leucémie dont je me suis occupée au niveau scolaire il y a quelques années. La petite était dans un état vraiment épouvantable quand les cours ont été terminés, à la fin on ne travaillait plus, ce n’était que lui rendre visite et c’était éprouvant pour moi aussi de la voir comme ça. Ce serait un miracle si elle s’en est sortie. Je n’ai jamais eu le courage d’appeler plus tard pour avoir de ses nouvelles. Ca me taraude encore cette histoire, parfois j’y pense et je culpabilise, mais qui sait, j’ai peut être bien fait de ne pas appeler la famille, après tout, car si la nouvelle avait été mauvaise je pense que mon appel aurait été très douloureux pour eux.

Je suis persuadée que la prison ne guérit pas les récidivistes. On le voit bien, à chaque fois ils recommencent, c’est systématique. Aucun suivi, ni judiciaire, ni psycho... comme si ce n’était pas nécessaire. Je ne pense pas du tout que la prison les fait réfléchir. Je ne sais pas ce qui est le plus approprié comme traitement, mais en tout cas tant qu’on ne fera strictement rien, et qu’on ne prendra pas en charge les personnes dès le début, ce genre de crimes continuera sans aucun doute.

Etre une femme, et vouloir vivre normalement, c’est au fond prendre des risques en permanence, et être presque obligée de se poser sans arrêt la question de ce qu’on peut ou ne peut pas faire. Est-ce que je peux faire mon jogging en forêt le dimanche matin en toute sécurité ? Est ce que je peux sortir le soir sans risquer de me faire agresser en rentrant ? Est-ce que je peux voyager seule ici ou là en toute sécurité ? (certains guides touristiques ont même, pour chaque pays, une rubrique « femmes seules », c’est dire... Est ce que je peux faire une balade sur la plage avec untel en toute sécurité ? Est ce que je peux... Etc etc...


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