A l’auteur,
Vous savez, cher Monsieur, vos propos me rappellent exactement ce que disaient les contemporains des impressionnistes par exemple, voire même de la dernière période de Rembrandt, voire même... des premiers contemporains du jazz que vous semblez admirer par ailleurs.
Posez-vous donc une question, ainsi qu’à tous ceux qui sont d’accord avec vous :
- Pourquoi les peintures des grottes préhistoriques, les oeuvres primitives, par exemple, sont-elles considérées comme des oeuvres d’art ? Bien au delà de leur qualité de seul témoignage historique ? Ressentez-vous une quelconque émotion, vous qui étiez enseignant, quand vous les contemplez ?
Voyez-vous, je n’aimais guère la dernière période de Picasso, jusqu’à ce que je puisse admirer Guernica, lors de la première année où ce tableau fut enfin exposé en Espagne. Je puis vous assurer que ce tableau, que chacun avait pu voir sur ses livres d’histoire, dégageait une émotion extraordinaire pour tous les spectateurs, qu’ils soient initiés à l’art contemporain ou non.
Beaucoup confondent l’esthétique, le beau, avec « l’agréable à regarder ». Or, l’art n’est pas cela. Il ne l’a jamais été, ni aujourd’hui ni hier. Simplement, l’oeuvre ressemble parfois à une étoile dont nous ne pouvons voir la lumière qu’avec l’échelle du temps ou de la connaissance.
Cela dit, comme peu de monde ont un oeil véritablement aigû, il est exact que dans les galeries, il y a beaucoup d’oeuvres d’art contemporain qui sont médiocres.
En revanche, des peintres comme Soulages ou Klein ont accompli un véritable travail de découverte vers l’inconnu.
Un jour lors d’une discussion avec un ami, ce dernier avait des propos un peu comme les vôtres. Or, il portait une chemise qui était clairement inspirée de l’oeuvre d’un grand peintre « contemporain », Pierre Alechinsky. Je lui montrais alors un tableau de ce peintre, réalisé en 1951, et je lui expliquai : Tu vois, tu n’entends rien à l’art contemporain. Pourtant, si Alechinscky n’avait pas existé, tu n’aurais jamais pensé à porter une chemise pareille, d’ailleurs, elle n’aurait jamais été mise en vente...
L’art contemporain, j’entends, celui qui en vaut la peine, nécessite de la poéside, une ouverture émotive digne d’un esprit d’enfant mais aussi de la culture. Comme vous êtes enseignant, vous devriez pouvoir y parvenir. Mais il s’agit d’un escalier dont on ne peut monter les marches d’ouverture que pas à pas...
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