Que la CPE soit une amorce d’une fléxibilisation du marché du travail est évident, comme l’est la nécessité de cette fléxibilité dans le cadre de l’évolution mondiale du capitalisme, si l’on veut, sinon en profiter aux dépens des autres, au moins en tirer le meilleur parti. Mais cette liberté accrue des entreprises, probablement incontournable si elles veulent survivre, ne peut aller sans une sécurisation accrue des parcours professionnels personnels des salariés selon un modèle de « flextabilité » à construire chez nous, inspiré du modèle danois.
Le CPE -et ceux qui le critiquent ont tort de le cacher- pose quand même quelques garanties théoriques, sinon rhétoriques, en faveur des salariés concernés : les indemnités et le préavis de licenciement croissants dans le temps. Tout sera affaire d’application et c’est là le rôle de l’état et surtout du gouvernement qui, inutile de le rappeller, à une obligation politique de résultat.
Mais ce qui est insupportable dans le projet actuel du CPE, c’est le mépris profondément anti-libéral des salariés et de leur droit à la dignité que manifeste cyniquement ce nouveau prétendu droit des entreprises de rompre un contrat de travail sans aucune justification écrite. La liberté suppose la réciprocité et l’égalité des droits et de traitement entre les contractants
Toute liberté accrue suppose une responsabilité accrue vis-à-vis d’autrui et traiter les salariés comme des objets de droit est proprement sacandaleux , du point de vue même d’une philosophie libérale de l’économie. Or refuser cette justification c’est proprement dénier au salarié le statut de sujet de droit.
La conséquence de ce mépris, c’est tout simplement de provoquer, sinon la révolte violente (et le suite le montrera), au moins le démotivation au travail de ceux que l’on prétend mépriser aussi ouvertement dans la loi ; motivation pourtant de plus en plus nécessaire dans une économie dans laquelle le service relationnel devient une détermination dominante du marché moderne.
Cette loi, en l’état, est anti-libérale et donc, au sens littéral, révoltante. Une telle erreur stratégique est une faute politique gravissime : elle met en échec le sens même de la loi : assurer la paix civile dans la justice (l’égalité des droits). Cette faute est scandaleuse de la part de responsables politiques qui se réclament des valeurs de la république démocratique
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