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Je n’aime guère plus la Marseillaise que les faisceaux de licteur et le bonnet phrygien qui ornent mon passeport, tous ces symboles sanglants que la Troisième Ruinepublique a imposés à la fin du XIXe siècle. Malheureusement, en matière de chansons patriotiques, il n’y a que des chants sectaires qui en appellent à la mobilisation de ses partisans. Voyez le « Prends ton fusil Grégoire » des royalistes et le « Debout les damnés de la terre » des socialo-communistes. En d’autres temps, nous assimilant aux Gaulois, les commentateurs y voyaient une constante, la ferveur guerrière et l’envie d’en découdre. C’était d’un Français.
Sachant qu’en plus la Marseillaise fut beuglée spécifiquement par ces fédérés marseillais lorsqu’ils accomplirent leur haut fait-d’armes - le massacre des Gardes suisses du Roi, en août 1792, après que lesdits gardes eurent déposé les armes, j’en suis encore moins enthousiaste.
On m’objectera que ce chant fut aussi celui de la Commune : à ce titre je préfère le « Temps des cerises », qui me fait monter des larmes aux yeux, même si je ne suis pas vraiment de gauche. A la même période, les francophones de la Nouvelle Orléans entonnèrent la Marseillaise lorsqu’ils mirent en échec la milice urbaine multiraciale et imposèrent le retour à la ségrégation (1874).
Il n’empêche, ce chant fut celui qui galvanisa les nôtres par deux fois au XXe siècle face à l’envahisseur germanique. Curieux qu’on parle d’honorer la Marseillaise au sein d’un gouvernement qui a imposé Deutchland über Alles lors de la célébration du 11 novembre. Surtout la première strophe, qui ne se chante même plus en Allemagne ! Alors pour le coup, si j’avais fait partie du choeur de l’Armée, j’aurais effectivement prétexté un mal de gorge...
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