Bonsoir Alex
La Marseillaise n’a pas à devenir un symbole ; elle est un symbole. Comme la couleur du drapeau, comme sa devise. Elle est le fruit d’un héritage ; faut-il enterrer tous les héritages au risque de ne pas savoir d’où nous venons ? Quant aux paroles, elles mériteraient une analyse approfondie. Je crois me souvenir que le « sang impur » dont il est question est en fait le sang de l’aristocratie, pas celui de l’étranger au sens où nous le croyons. L’aristocrate était étranger au peuple, à la République. Mais je n’en suis plus sûr ; cela mériterait confirmation ou infirmation. Quoi qu’il en soit, qui fait attention aux paroles ? Ce n’est pas ça le plus important.
Le plus important est le besoin d’union, or cela passe par des symboles et des rites. On n’a eu de cesse de détruire ces symboles et ces rites sans rien proposer en échange. Cela participe à la déstructuration de l’individu comme de la société. Certes, on trouve toujours de bonnes raisons pour détruire des symboles mais aucune pour en construire. Et c’est alors le vide qui nous tend chaque jour un peu plus les bras. Chacun pour soi car l’autre m’est étranger.
Il ne peut y avoir de Nation sans amour commun, sans désir de vivre ensemble, de faire ensemble. Or cela passe par des symboles et des rites, comme les célébrations, le service national, etc. C’est bête et inutile, oui, mais c’est nécessaire au savoir-être.
Cela vous choque qu’on impose aux candidats à la naturalisation d’apprendre la Marseillaise alors que les Français ne connaissent même pas le premier couplet ? Pas moi. L’important ne réside pas dans cet exercice de mémorisation mais dans la preuve apportée que l’on souhaite partager les valeurs de la France, ou plutôt celle que notre pays est censée porter ; il y a entre les écrits, les intentions et la réalité effectivement un grand fossé. Bref, la preuve de l’effort quand les Français font preuve au quotidien de leur francité.
A Singapour, pays multiculturel comme tant d’autres aujourd’hui, dans les écoles on enseigne à vivre ensemble par delà les différences, et cela passe par des rites et des symboles.
Vous avez le droit de ne pas aimer la Marseillaise, vous avez le droit de trouver ridicule et dépassé de la chanter à l’heure où la sonnerie de votre portable résonne de musiques beaucoup plus attrayantes. Mais si vous adoptez cette attitude à chaque fois que quelque chose vous déplaît, vous risquez de ne plus avoir d’appel. La communauté dépasse en effet la somme des individus. Vous êtes déjà trop formaté par la société individualiste et utilitariste pour comprendre cela.
C’est effectivement stupide de chanter la Marseillaise, mais ça l’est encore plus de ne pas se rendre à des obsèques chrétiennes lorsqu’on est musulman, musulmanes lorsqu’on est laïc, sous prétexte que l’on se livre unilatéralement à un dogme sans percevoir qu’il y a des circonstances où il faut mettre de côté son moi pour ne pas provoquer d’émoi, parce que vivre avec les autres n’est pas vivre parmi eux.
La Marseillaise ou le drapeau tricolore ne fondent pas l’identité contrairement à ce qu’on affirme, mais bien l’appartenance. L’appartenance à une Nation, à son Histoire, dont on n’a à être ni fier ni honteux puisque notre encre est diluée dans un océan, mais rien ne nous empêche de nous conduire en bon Français.
Vous ne souhaitez pas chanter ? « Eh bien ! dansez maintenant. »
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