Je ne sais pas où vous voulez en venir.
Un sport comme le foot, c’est des équipes qui rivalisent. Elles ont des intérêts nécessairement divergents. Le sport est une allégorie pacifiée de la guerre et de l’affrontement. L’antagonisme est dans sa nature.
Cet antagonisme est canalisé par des règles. Vous faites erreur en disant que seul l’arbitre les connaît. Tous les joueurs sont supposés les connaître et les appliquer. L’arbitre n’est là que pour valider ce respect. Les règles permettent d’objectiver la mesure de la supériorité d’un camp sur un autre. Les équipes sont égales face aux règles et inégales en qualités, en force, en stratégie, en tactique... Les règles facilitent la hiérarchisation des équipes entre elles.
Bon, à ce stade, une incise : vous aurez compris que le sport est aussi une allégorie de la hiérarchisation sociale, de l’inégalité, de l’affrontement et de la domination. Son essence est le classement vertical selon une échelle de valeurs unique. C’est par construction l’antithèse d’une anarchie. Vouloir lui appliquer une dérégulation autogestionnaire, c’est méconnaître la nature sociale et politique du sport. Le sport n’est pas de gauche. Le baron de Coubertin, auteur du serment olympique, ne fait nulle part figure de gauchiste, bien au contraire. On approuve ou pas, mais si l’on désapprouve, c’est le sport dans son ensemble, ou plutôt toute forme de compétition sportive qu’il fait remettre en question. A cet égard, vive la plongée sous-marine : un sport sans compétition, où, qui plus est, le but ultime est d’économiser ses forces. Voilà, personnellement, le sport qui me plait !
Bref, dans le foot et la plupart des autres sports, la compétition est la nature même de l’activité. C’est un affrontement selon des règles, où tout n’est pas autorisé, mais ça reste intrinsèquement, dans sa substance profonde, dans sa matière, un affrontement, un antagonisme, une opposition. Supposer que des gens qui s’opposent ainsi sur le terrain seront à même de ne pas s’opposer sur la compréhension des règles et leur application, c’est une douce utopie.
Qui dit opposition dit donc nécessité de trancher, de décider à un moment qui à tort et qui a raison. En français : un arbitrage. C’est à ça que sert l’arbitre.
L’arbitre a nécessairement raison, parce que c’est dans sa fonction. Point. Quoi qu’il dise, il a raison. C’est la règle numéro un. Règle numéro deux : s’il a tort, la règle n°1 s’applique. Il le faut. Qu’on fasse mine, un jour, quelque part, de remettre ça en question et le lendemain, partout dans le monde, tous les petits arbitres amateurs seront contestés pour qu’on remettre en question leurs jugements.
Les fédérations sportives ont cette responsabilité, non seulement vis à vis du sport professionnel, mais aussi de tous les sportifs amateurs qui s’affrontent partout dans le monde, presque dans chaque ville et à chaque instant. Partout, il y a des arbitres, dont la légitimité est toujours plus ou moins remise en question, par les joueurs, les supporters, le public, les bookmakers, les sponsors, etc.
Les fédérations sportives, qu’elles soient locales, nationales ou internationales ne peuvent en aucun cas donner l’impression de déjuger un arbitre, et a fortiori si le match est largement retransmis : elles entraineraient aussitôt un décuplement des pressions exercées partout dans le monde sur tous les arbitres. Il est impératif de ne jamais donner l’impression que l’arbitre peut revenir sur son jugement si on lui met la pression.
En cascade, ce raisonnement permet de comprendre aussi que les fédérations sont réticentes à accepter l’assistance à l’arbitrage par la vidéo ou la collégialité des arbitres. Les moyens ne permettent d’instaurer ça que pour les « grands matchs ». Cela fragiliserait mécaniquement la crédibilité de l’arbitrage des « petits matchs ». Solution contreproductive, à écarter impérativement.
Donc, oui, les Français ont bénéficié d’une erreur d’arbitrage et non, cette erreur, même connue et reconnue, ne changera pas le résultat du match. Et il ne sera donc évidemment pas rejoué.
Ca n’est pas honorable, mais ce n’est pas non plus totalement déshonorant.. En tout cas, c’est irréparable. Tout ce qu’on peut proposer, éventuellement, si l’on veut défendre un « panache » à la française, c’est que l’équipe nationale dédie les matchs qu’elle gagnera aux Irlandais anormalement ; mais irréparablement, évincés de la compétition. Un tour de terrain avec un drapeau vert ou un maillot vert ferait l’affaire... Mais encore faut-il qu’ils gagnent...
Bien à vous,
L’Ankou
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