La logique de fond de l’article est bonne : la conscientisation et l’éducation doivent être au centre de la question environnementale, sans quoi l’on arrivera à rien, dans ce domaine.
Néanmoins, la plupart des axiomes pour défendre cette idée me semblent faux.
Quoiqu’on en dise, bien sûr que l’influence d’un individu isolé ne peut être que tout à fait négligeable, à l’échelle de la planète. Il est donc normal qu’un sentiment d’ « aquoibonisme » se développe chez les peuples, d’autant que tout est fait pour que la politique globale leur échappe : annulation des votes jusqu’à ce qu’ils aillent dans le sens voulu, déni de la parole citoyenne sur internet, qui est diabolisé, etc.
Les grandes pollutions étant industrielles, même si la pollution de masse provient aussi des populations (qui n’ont pas tellement le choix... que leur propose -t-on ??), il me semble que les réformes comportementales doivent d’abord se passer à ce niveau, pour pouvoir être transférées au niveau des peuples. Ce n’est que lorsque l’on aura modifié par exemple la grande distribution que les populations pourront se procurer leurs biens et leurs nourritures d’une manière plus harmonieuse avec la planète, au lieu de « consommer ». Le seul pouvoir qu’a actuellement le peuple à l’égard des méthodes actuelles de l’industrie et de la consommation de masse, c’est de protester et de faire pression... rien de plus. Et il est déjà largement assez conscientisé pour le faire, et le fait... Peut-être pas assez, mais c’est une autre question.
Vouloir donc reporter le poids des méthodes industrielles et commerciales sur le peuple, et en même temps transférer la culpabilité qui va avec, est inutile et même contre-productif. Cela induit un rejet de ce qu’on appelle à juste titre « l’écologisme ».
Par ailleurs, vous utilisez le réchauffement climatique comme l’un des arguments principaux, prétendument nécessaire d’après vous, à la conscientisation des masses par rapport à leur influence sur le climat. Etant donnée l’incertitude, voire la suspicion, qui pèse actuellement sur le domaine du réchauffement climatique anthropique, cela me semble particulièrement malvenu, et maladroit. Il n’y a rien de pire que d’assommer les gens avec la responsabilité qu’ils auraient - peut-être - sur un réchauffement dont l’origine anthropique n’est qu’hypothétique, que cela plaise ou non. Cela équivaut à crier au loup pour rien, s’il s’avère que la propagande sur le réchauffement s’est avérée fausse, voire mensongère. Rien de plus contreproductif, donc...
Je terminerai sur le développement durable, l’une des pires erreurs à faire en matière d’écologie. Le développement durable consiste à croire qu’on peut continuer à exploiter les ressources et le système planétaire mais... d’une manière durable. Ce qui impliquerait de renoncer aux idées aberrantes de croissance économique, ce que ne propose pas la théorie du développement durable qui, en résumé, se propose de continuer pareil, sur la même pente, mais avec des roues en caoutchouc « bio ». Nous verrons bien si cela permet à l’écosystème mondial de se régénérer, si les énergies dites renouvelables seront vraiment exploitables à très grande échelle... Personnellement, j’en doute fortement, car ces croyances sont celles d’une époque qui refuse de renoncer à toute idée dite de « progrès », quand le progrès n’est que considération de la nature en tant que généreuse fournisseusse de ressources ad libitum, permettant à l’homme une croissance permanente, sans souci de la finalité réelle de cette « croissance »...
Pour avoir travaillé, moi aussi, dans l’éducation à l’environnement, à une époque où, en formation, on nous assommait avec ces notions de développement durable, mais où le réchauffement climatique n’était pas encore la petite obsession à la mode, croyez-moi, j’en suis revenu. Et je pense désormais qu’on nous enfume totalement avec cette idéologie du progrès sans fin, et que la manie du réchauffement d’origine anthropique ne fait que le terreau d’intérêts économiques qui cherchent à se recycler dans un contexte d’épuisement des ressources.
En conclusion, il est bien compréhensible qu’on ne se soucie pas d’éduquer les gens. Si on les laissait s’instruire des véritables problèmes écologiques, de leur profondeur et de leur complexité, ils finiraient par découvrir ce qui est inévitable : l’idéologie du progrès doit être abolie pour laisser place à des manières de vivre réellement « durables » c’est à dire dont la finalité n’est plus dans le développement, dans le progrès, mais dont les valeurs seront autres. Je dirais donc que lorsque vous fustigez un manque d’imagination dans les institutions, et ce à juste titre, vous en manquez également lorsque vous pronez le développement durable, deux termes antinomiques, qui à mon sens, dans leur idéologie, leur logique, ont déjà prouvé leur aberration dans le système présent. Il faut oser aller plus loin, avoir des idées de changement plus radicales et audacieuses. Et qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit. En aucun cas je ne prone un écologisme totalitaire tel qu’on essaye de nous le fourguer ces temps-ci (justement comme vous le faites remarquer en soulignant le manque d’éducation qui va avec, puisqu’il s’agit d’imposer, non d’instruire et de proposer), qui n’est qu’une régression, une fuite vers un refuge autoritaire, signe d’une époque dont l’idéologie dominante montre ses limites, et essaye de se replier sur quelque chose qui a marché autrefois, comme si un retour en arrière pouvait être une solution, lorsque l’imagination est requise pour dépasser les problèmes que nous avons créés... et qui ne se bornent pas, loin s’en faut, au problème du réchauffement, qui n’est qu’anecdotique parmi toutes les pollutions d’origine humaine, dont la plupart sont en revanche irréfutables (pollution de l’eau, de l’air, par particules, dioxines, empoisonnement des « chaines » alimentaires, etc.).
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