Pour info à la débile Morano :
Le verlan actuel s’est répandu en français depuis la deuxième moitié du XXe siècle
mais l’inversion de lettres ou de syllabes, utilisée afin de créer un
effet de style en littérature, date de plusieurs siècles. Cependant,
les premières occurrences de verlan utilisées à l’oral afin de
créer un langage cryptique, uniquement compréhensible par les initiés,
sont difficiles à établir car peu de références historiques existent
dans la littérature.
Les plus anciennes formes de métathèses et autres jeux de mots attestées remontent au XIIe siècle avec Le Roman de Tristan et Iseut où Béroul
transforme le prénom de Tristan en Tantris cependant, il n’est pas
établi si de telles formes étaient utilisées dans le langage courant (Natalie Lefkowitz 1991, p. 50).
C’est ensuite au XVIe siècle et au XVIIe siècle que ces anagrammes et jeux de mots se sont multipliés. En 1690, Antoine Furetière, dans son Dictionnaire universel, donne pour définition de l’article « verjus » « On dit, c’est verjus ou jus vert pour dire : c’est la même chose », représente la forme la plus ancienne pouvant être assimilée avec certitude à du verlan (Natalie Lefkowitz 1991, p. 51). D’autres exemples apparaissent ensuite régulièrement dans la littérature
C’est au cours des années 1800 que l’utilisation du verlan dans la communication orale apparaît. Dans Les Sources De L’Argot Ancien,
Lazare Sainéan rapporte le cas d’une lettre de bagnard surnommé « La
Hyène » ayant daté sa lettre par « Lontou, 1842 » au lieu de Toulon, indiquant que le verlan était utilisé dans le milieu carcéral. Tout au long du XIXe siècle, l’usage d’argot tels que le verlan ou le Loucherbem se répand dans le langage des prisonniers, des forçats et de la pègre (Natalie Lefkowitz 1991, p. 51).
Certains auteurs suggèrent que l’usage du verlan a connu une recrudescence durant l’Occupation (Natalie Lefkowitz 1991, p. 53) mais ce n’est qu’à partir des années 1970 que son usage s’est répandu, l’apparition du terme verlan était elle-même datée à 1950. Parlé à l’origine dans les banlieues françaises, le verlan est aujourd’hui employé en France et popularisé par certains chanteurs, comme Renaud dans Laisse béton, 1978 mais surtout par les nombreux groupes de rap français, comme NTM ou Assassin, mais aussi quelques cinéastes (Claude Zidi, Les Ripoux, 1984). Jacques Dutronc avait utilisé du verlan en 1971 : J’avais la vellecère qui zéfait des gueuvas (J’avais la cervelle qui faisait des vagues).
De même, Gainsbourg, dans « Lemon incest » cite : « le nierdoua Sseaurou »....
En 2004,
un certain verlan (essentiellement constitué d’un vocabulaire) a fini
par être plus ou moins compris et utilisé par toutes les couches de la
société, ce qui en fait un langage en cours de démocratisation loin de
son image plutôt marginale initiale.
Le développement des nouveaux moyens de communication, le SMS
en tête, a rendu pratique le verlan, notamment en raison du caractère
raccourci des formes verlanisées bien plus rapides à taper sur des claviers
que leurs équivalents dans la langue française officielle. Cela a
conduit des représentants de couches sociales moyennes et élevées,
grands consommateurs de ces nouveaux outils personnels de communication, à utiliser le verlan et à le comprendre.