Monsieur vous avez raison de vouloir sensibiliser tout un chacun au suicide qui représente - et a sans doute toujours représenté - une violence sociale qui interpelle la société par rapport à ce qu’elle fait et ne fait pas pour l’ engendrer. D’une manière romantique le suicide représente parfois un acte de courage désespéré qui expose le corps et l’esprit de celle ou celui qui n’est plus tel les restes d’un héros qui aurait su renoncer à toutes les tentations de la vie. Socrate se suicide mais il le fait dans un geste de défi, non pour quitter la vie, mais pour ne pas se démettre de ce qu’il considère juste par rapport au jugement inique de la cité. Bien sûr le « connais-toi toi même » représente une entreprise difficile et peu d’individus s’ avèrent réellement capable de cette plongée au plus profond de soi qui, très souvent oblige à se contredire, se rejeter. Au bout d’un soi authentique il faut admettre la clairvoyance. D’ailleurs notre cher Socrate le savait puisqu’ à sa maxime, plus personnelle qu’ universelle, il fondait également la maïeutique en exercice indispensable à la pratique de la philosophie. Accoucher le autres, si nous pratiquions cette méthode, à chaque instant de notre existence, nous adopterions une attitude qui engendrerait beaucoup de bienfaits. Néanmoins, vous le savez tout autant que moi, l’être se veut tout autant égoïste que généreux. Quelle stupéfiante complexité un être humain ! Le suicide est un drame puisqu’il reflète notre incompétence en regard de la fragilité d’ autrui. Certains dirons : incombe t-il à chacun de sauver chacun, d’autres que le suicide reste un chemin de liberté dans un univers carcéral, d’autres, enfin, que la vie est un passage initiatique dont il faut accepter tous les travers jusqu’aux plus amères. Le suicide fait appel à toutes les sensibilités de l’ humanité et, d’une certaine manière, il représente cette humanité. Le suicide lorsque nous sommes appelé à devoir y être confronté nous blesse toujours profondément en ce sens que celui ou celle qui est brutalement parti nous interpelle encore : « comment pouvez-vous continuer de cheminer alors que tout est triste, cruel, injuste. » Voilà pourquoi aussi, très souvent, nous choisissons de mêler le suicide à la déraison, la démence. Une personne âgée, seule, démunie qui choisit de rompre son traitement médical, de ne plus ou presque se nourrir attente t-elle à ses jours ou bien anticipe t-elle une coupure que la société a déjà signée et engendrée. La prévention du suicide passe, tel que vous l’ écrivez, par l’ approfondissement des relations inter-personnes. Vaste chantier mais il ne faut pas le délaisser pour autant. Nous sommes dans une société qui apprend les voix de la communication. Ecrire un article, réagir à un article, mettre en place un blog, un site, etc... voilà des possibles qui n’ existaient pas et qui, nous le mesurons de jour en jour, favorisent des expressions qui donnent et renvoient du sens. Bien sûr tout ceci prendra du temps, une, voire deux générations, mais des espoirs sont possibles de ce côté ci de la liaison d’ homme à homme. Internet se démontre telle une possible gigantesque thérapie de groupe à l’échelle planétaire. Qui, il y a cinq ans aurait pu prévoir cela. Il faut être vigilant et entreprenant et c’est bien ceci que votre article qui appelle et qui interroge nous envoie.
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