Il arrive parfois que la juxtaposition surréaliste de reportages à la télé fasse apparaître, sans doute involontairement, en un saisissant raccourci, une terrible vérité qui se passe de mots.
Ainsi hier soir sur la 3 - un reportage bouleversant sur les milliers de Haïtiens jetés à la fosse commune comme autant de détritus était suivi de Davos : Madame Lagarde faisant la ronde de ses copains banquiers, PDG, ministres dans le luxe feutré de la station de ski. Je n’accable ni Madame Lagarde, ni ses copains à qui elle fait la bise avec la joyeuse décontraction de la grande bourgeoise distinguée qu’elle est. C’est cette justaposition qui interpelle : le visage souriant d’une dame haïtienne, telle qu’elle apparaît sur le passeport que nous montre son gendre, impuissant à sortir son cadavre de ce qui fut leur maison ; celui, mobile de vie, de Madame Lagarde. Les effroyables sacs-poubelles entassés dans la fosse, d’où dépassent quelques bras et jambes putréfiés, au-dessus desquels un prêtre appointé à 20$ psalmodie des prières afin de leur conserver un semblant d’humanité, et les grappes de seigneurs du monde, en costume chic ou tenue de ski, arpentant leur phalanstère glacé dans les nuages, comme les dieux d’un Olympe à la suprême indifférence.
Deux mondes, et notre condition humaine qui nous est jetée dans la figure.
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