Allez à l’étranger et discutez un peu des penseurs français récents. On vous parlera de la french theory, de Derrida, Deleuze, Foucault, Bourdieu... mais BHL. Qui c’est ça ? jamais entendu parler... Le peu de personnes qui ont tenté de lire le torchon qu’il a publié aux USA (American Vertigo) l’ont descendu en flèche. Il a été la risée de la presse américaine (et oui, même les ricains se foutent de sa gueule). Mais nos médias à nous l’invitent partout ! Va comprendre...
Le New York Times sur BHL : "Tout Américain qui voudrait écrire un
livre pour expliquer la France aux Français devrait d’abord lire
celui-ci pour connaître les pièges à éviter (...) Le lecteur est
fasciné et épuisé par la pensée ennuyeuse de Lévy (...) C’est
l’excursion habituelle, bizarre, boursouflée, fanatique et faussement
culturelle qu’adorent les journalistes européens depuis cinquante ans
(...) Toutes les dix pages ou à peu près, Lévy fonce dans le mur (...)
Il écrit comme un étudiant cherchant à remplir sa copie d’examen"
Le San Francisco Chronicle sur BHL :
« Lévy a écrit pendant qu’il voyageait. Tocqueville a d’abord voyagé, puis ensuite écrit. Lévy a écrit sur les Américains et lui. Tocqueville a écrit sur l’Amérique, point (...) L’ego affleure à chaque page et ses manies les plus grandiloquentes encore, comme celle de la phrase qui fait une page entière, éloigneront certains lecteurs »
En 1986, déjà, Guy Hocquenghem réglait sont compte à BHL dans ce chapitre
de Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary. Voir
http://atheles.org/doc/agone/hocquenghem/beachelle.pdf
et pour l’intégralité du livre : http://atheles.org/agone/contrefeux/lettreouverteaceuxquisontpassesducolmao aurotary/index.html
A sa transcendance Béachelle
Tu
fais penser à ce média-man, héros du film "Un homme dans
la foule", qui, discrédité par la révélation en direct de ses
mensonges, finit sa vie face à une machine à applaudir,
ersatz de public. Drogué aux médias, à la popularité, tu ne
tiens qu’à l’applaudimètre. Ton inexistence morale, chevalier
du vide, révèle l’inexistence, sous l’armure, des croisés
de notre génération blanche. Et cette inexistence est inscrite
en tes initiales, BHL. Tu n’as même pas de nom à toi,
rien qu’un sigle, comme RATP ou SNCF. Un lecteur du
Monde, L. M. Lévy (2 juillet 1979), remarquait qu’au fond,
« BHL » ou Béachelle, cette abréviation servait à gommer,
à « ne pas prononcer le nom de Lévy », votre patronyme
commun. Comme K chez Kafka, en somme. Avec toute ta
célébrité, tu es l’homme aux initiales, abrégé d’une génération
sans nom propre.
Guy Hocquenghem. 1986
http://atheles.org/doc/agone/hocquenghem/beachelle.pdf
Ainsi que ce texte de Gilles Deleuze, lapidaire, "A propos des nouveaux philosophes et d ?un problème plus général", publié en 1977 : http://multitudes.samizdat.net/article.php3?id_article=1199
- Que penses-tu des « nouveaux philosophes » ?
Rien. Je crois que leur pensée est nulle. Je vois deux raisons
possibles à cette nullité. D’abord ils procèdent par gros concepts,
aussi gros que des dents creuses, LA loi, LE pouvoir, LE maître, LE
monde, LA rébellion, LA foi, etc. Ils peuvent faire ainsi des mélanges
grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir
et l’ange. En même temps, plus le contenu de pensée est faible, plus le
penseur prend d’importance, plus le sujet d ?énonciation se donne de
l’importance par rapport aux énoncés vides (« moi, en tant que lucide
et courageux, je vous dis..., moi, en tant que soldat du Christ...,
moi, de la génération perdue..., nous, en tant que nous avons fait mai
68..., en tant que nous ne nous laissons plus prendre aux semblants...
»).
[...]
- Dis-tu cela parce que B.-H. Lévy vous attaque violemment, Guattari et toi, dans son livre Barbarie à visage humain ?
- Non, non, non. Il dit qu’il y a un lien profond entre L’Anti-oedipe et
« l’apologie du pourri sur fumier de décadence » (c’est comme cela
qu’il parle), un lien profond entre L’Anti-oedipe et les drogués. Au
moins, ça fera rire les drogués. Il dit aussi que le Cerfi est raciste
: là, c’est ignoble. Il y a longtemps que je souhaitais parler des
nouveaux philosophes, mais je ne voyais pas comment. Ils auraient dit
tout de suite : voyez comme il est jaloux de notre succès. Eux, c’est
leur métier d’attaquer, de répondre, de répondre aux réponses. Moi, je
ne peux le faire qu’une fois. Je ne répondrai pas une autre fois.
[...]
Gilles Deleuze.Dans "A propos des nouveaux philosophes et d’un problème plus général". Publié en 1977 : http://multitudes.samizdat.net/article.php3?id_article=1199
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