Pour une critique bienveillante contre les écoles
confessionnelles musulmanes en France.
Le lycée Averroès de Lille ouvert en
septembre 2003 est en effet le premier lycée privé musulman sous contrat
avec l’Etat. Ce lycée serait le second établissement privé
musulman car une école primaire de Saint Denis de la Réunion, la Medersa
Taalim oul Islam a été la première à s’engager dans cette voie en 1994.
Partant d’une perspective égalitaire, laïque
porteuse de principes universalisables, la réflexion ne saurait s’en
tenir à l’examen des seules écoles
musulmanes au plus grand bénéfice du système organisé d’écoles confessionnelles
chrétiennes de tout type.
Le fond de la démarche est global puisqu’elle part
de la critique de tous les établissements confessionnels à partir de la
revendication d’une seule école pour tous et toutes (qui n’est pas avancée par l’auteur ni par la gauche a qlq exceptions près).
Il s’agit cependant d’une
critique bienveillante qui tient compte de la spécificité de la situation. Pour
dire les choses d’emblée, alors que d’autres sont enclin à critiquer les seules
écoles musulmanes - j’allais dire islamique mais on y enseigne pas l’islam - ma
démarche tient compte du fait de la domination du christianisme dans ce domaine
comme dans d’autres . L’intention bienveillante tient compte de cette inégalité.
Mon propos se comprend aussi du fait que je défends
la loi de mars 2004 autorisant les signes religieux discrets et interdisant les
signes religieux ostensibles - kippa juive, voile islamique, etc. - à l’école et
au lycée. Je tiens comme revendication communautariste la volonté d’abroger
cette loi laïque de pacification scolaire.
Le lycée Averroès occupe (sauf déménagement) le deuxième étage de la mosquée de Lille Sud. Ses enseignants seront
désormais payés par l’Etat. D’après un article ancien (1), il accueillait
alors 90 élèves, 60 filles qui ne portent pas toutes le voile, et 30 garçons,
répartis en six classes, deux par niveaux, dans les filières Scientifique (S) et
Économique et Social (ES). L’article ne précise pas si les classes sont
mixtes.
Le cours d’initiation à la spiritualité et à la culture musulmane,
appelé « éthique religieuse » est facultatif. L’équipe enseignante, constituée
d’une vingtaine de professeurs dont cinq titulaires, est recrutée sur des
critères de qualité professionnelle, indépendamment de leurs convictions
religieuses ou philosophiques. Sont-ils titulaires du CAPES ? Quant au
projet éducatif, il se distingue par sa référence aux valeurs musulmanes qui,
selon Makhlouf Mamèche, directeur adjoint chargé de la vie scolaire et du suivi
des élèves, « englobent la recherche de la perfection, le goût de l’effort,
l’amour du savoir, le sens de l’engagement et du partage, mais aussi l’esprit
d’ouverture et le respect des autres ». On ne sait si l’amour du savoir débouche
sur l’esprit critique.
Christian DELARUE
1)