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sisyphe sisyphe 16 février 2010 18:38

En ce qui concerne le fantoche BHL, je poste ici le billet d’un ami auteur, sociologue, qui vit aujourd’hui en Afrique ; Erick J L Pessiot , à propos d’ "American vertigo" :

American vertigo. De BHL

 

Comme souvent en Afrique il vous tombe sous l’œil et la main des livres échoués là on ne sait pourquoi , on ne sait comment. Ainsi « American Vertigo « de BHL que je n’avais encore lu . IL date de quelques années. Bush terminait contre Kerry une campagne présidentielle qui vit son succès. Sur commande d’une revue américaine et sur les traces de Tocqueville, BHL partit donc dans un long voyage , façon personnelle -car depuis les tout premiers récits de voyage on y parle autant de ce que l’on quitte que de ce que l’on découvre- de régler une nouvelle fois ses comptes avec une gauche extrême ou altermondialiste qu’il ne cesse d’éreinter de son fiel.

En parler aujourd’hui relèverait d’un contre-temps si une lecture apaisée ne permettait de voir et de mieux comprendre non tant ses thèses que sa méthode.

Dans un style paonnant et sinueux où la phrase ondoie, se faufile, frôle quelques Idées, quelques œuvres, glisse et se perd dans les méandres dialectiques et un gout prononcé du paradoxe et de l’oxymore qui entendent vous apporter, bariolées de nuances infinies , quelques lumières sur les Etats Unis d’aujourd’hui , BHL nous livre le récit, si peu récit, d’un voyage qu’il choisit de faire , on ne comprend bien pourquoi , surtout en voiture et où il rencontra ,visita, interrogea, bordels, motels, intellectuels choisis par les néoconservateurs , serveuse de bar, écrivains ( dont Harrison) et politiciens en campagne ( don Kerry lui-même).

.Comme Don Quichotte  BHL ne voyage en fait jamais qu’à l’intérieur de lui-même. Comme Debray dont il est souvent si proche et qui commit sur le même thème il y a 20 ans un opus du même style lui aussi bourré de citations et de savoirs sinon de saveurs. Il ne voyage que dans un perpétuel dialogue avec ses auteurs, qu’en référence à leurs œuvres, à l’intérieur d’un chapiteau scintillant – car nous sommes bien au cirque- de références et d’idées avec lequel il joue comme un sonneur de cloches, ravi de lui-même, tintinnabulant, aveugle, autiste, mangé par sa faconde, sa culture. Car est-il nécessaire pour parler de l’Amérique contemporaine de citer Bernanos, Blumenthal, Le Bris, Faulkner, Hemingway, Selby,  Bohumid Hrabal, Reichenbach, Kerouac, Lamantia, Ginsberg, Snyder, Foucault, Sorman, Clausewitz, Thycudide, Niel Ferguson, Ibsen, Nietzsche, Riefensthal, J.K.Toole, Kowaski, Tenesee Williams, Caldwel, Althuser, Krauthammer, Kojeve, leo Strauss, Lenine, Marx, Baudelaire, Chateaubriand, Derrida, Levi-strauss, Beauvoir, Sartre, Baudrillard, Woody Allen, Sophocle, Hobbes, Platon, Lacorne, Rorty, Kant, Rousseau, Habernas, Tomas Paine, Hegel Junger, Crepon, Spengler, Schmitt, Kierkegaard, Etc ……et de consacrer des chapitres entiers à relater ses discussions avec Kristoll, Fukuyama, Huntington, … bref la crème des néo-cons américains. Pourquoi convoquer Hegel ,Platon, Sophocle pour avancer sur le terrain déjà bien fangeux et instable des relations entre Démocratie et Religion aux States, avec, bien sur, les Majuscules qui s’imposent, surtout pour nous affirmer, in fine, au terme d’un parcours dialectique savoureux et obscur semé de mille embuches,..eh bien non ! qu’exceptionnellement ce pays ,qui essaie si désesperemment de tuer Darwin , est démocratique parce que religieux..et que jamais au grand jamais il ne se conduisit en Amérique Latine, au Chili, en Argentine, En Honduras, au Nicaragua, au Mexique, au Vénézuela, au Brésil, a Cuba, aux Philippines, au Cambodge, au Viet Nam, en Angola, au Zaire, etc..sans parler de l’Irak….en grand méchant loup. Mieux, quand il se fit méchant il avait raison de l’être..Le maccarthisme n a jamais existé, la CIA non plus qui n est jamais, pas une seule fois, citée….

Avec parfois des fulgurances . Quand il souligne, par exemple, « le vacillement des repères et des certitudes …..la fragmentation de l’espace politique et social..l’hypertrophie de la mémoire antiquaire, l’hyperobésité des grands corps qui font l’édifice du pays, ..ces terribles ghettos… » Mais rien n’y fait. De ce qu’il voit, de ce qu’il entend, BHL d’abord ne cueille que ce qu’il allait chercher : la preuve par neuf que l’anti-américanisme – nécessairement primaire- de la gauche particulièrement française est rance, stupide, daté.

Mais si pour suivre une mode où Foucault à sa part il décida de visiter quelques prisons , quelques bordels, et surtout s’il s’entretint si longtemps avec des leaders, penseurs que l’Histoire a déjà rejeté, que n ‘a-t-il sur le problème de la mémoire et de l’histoire été visiter quelques lycées, consulté quelques livres d’histoire, les programmes scolaires ? Il y aurait peut-être trouvé l’origine de cette « mémoire antiquaire » dont l’exubérance l’étonna tant. Celui lui aurait peut-être, permis de réfléchir à l’importance des manuels scolaires, des enseignants dans la transmission des patrimoines intellectuels.

Ou encore sur les mêmes thèmes et les mêmes questions d’aller voir et de lire la presse quotidienne régionale et nationale dont le rôle dans cette transmission , de regarder la télévision. Comment se transmet la mémoire et de quelle mémoire il s’agit.

Que n’a-t-il , pour parler de la sécurité sociale, été visité des hôpitaux, lu des statistiques, interrogé des économistes plutôt que de prendre note des déclarations d’une serveuse de bar et de conclure derechef que les gauchistes français et tout ce qui de près ou de loin leur ressemble se trompent lourdement : il y a une sécurité sociale aux States et elle marche bien dut-on y intégrer la philanthropie.

Que n’a t-il été visiter les tribunaux, que ne s’est –il interrogé sur la Justice ?

Par ailleurs on peut penser que la criminalisation du négationnisme, pourquoi pas, devait conduire à des positions similaires concernant l’anti-darwinisme des « borna gain » tous ces baptistes –dont Bush- évangélistes, pentecôtistes et autres mutants sectaires, majoritaires aux States, qui font de la Bible, un livre sacré et de l’Homme un être qu’il créa . Or ils trouvent grâce aux yeux de notre auteur. Non qu’il partageât leurs points de vue. Mais il les range dans la boîte à outils de la liberté de penser sans voir, vouloir voir, que ce sont les mêmes – c est a dire une majorité- et pour cette raison là – Dieu- qui criminalisent l’avortement et l’homosexualité et militent pour le rejet des préservatifs au bénéfice de l’abstinence sexuelle partout de par le monde, les mêmes qui furent d’accord pour gober les mensonges de Bush sur l’Irak ( où, entre parenthèses S.Hussein , dictateur sanglant ne fit pas deux millions de victimes comme BHL le prétend mais dix fois moins ) fermer les yeux sur la constitutionalisation de la torture, sur Guantanamo, et permettent que dans le pays le plus riche du monde 20% de la population, majoritairement noire, vit dans une pauvreté indigne ( contre moins de 10% en Europe). Les mêmes qui acceptent sous couvert de sécurité que la CIA devienne un Etat dans l’Etat et s’autorisent à rechercher des traces de sperme sur la robe d’une collaboratrice du Président obligeant se dernier à décrire devant les caméras du monde entier ses amours adultères.

Enfin que n’a-t-il , puisqu’il voulait entendre tous les partis, été interrogé Chomsky et les partisans de Van Illitch jamais nommés jamais cités plutôt que de ne voir la contestation qu’à travers le Moveon.org des Blades ?

Mais nenni. BHL vit dans un mode clos déjà formaté que rien ne peut troubler.

 

J.L.Erick PESSIOT


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