Réponse de Danielle Porte : Réponses aux questions posées par le colonel Mourey.
« Pourquoi voulez-vous ne pas reconnaître dans les traces mises au jour
par les archéologues l’emplacement de ces tours, des camps, des lignes
d’obstacles, des obstacles eux-mêmes, dont César nous a parlé d’une
façon extrêmement précise ? »
Eh, justement !!!
J’emprunte toujours aux défenseurs d’Alise eux-mêmes la suite des
réponses que je vais vous donner. Nous ne sommes pas plus royalistes
que le roi, et n’allons pas sauver Alise là où ses défenseurs eux-
mêmes avouent que rien n’y correspond au texte de César !
les tours : il faut 24 m de distance entre elles. Aucun espacement des
fouilles alisiennes n’a jusqu’ici respecté cette mesure : Michel Reddé
l’avoue (Rapport de fouilles p. 110 ) : « 3 tours successives,
espacées d’environ 17/17,50 m l’une de l’autre (soit à peu près 60
pieds), jalonnent l’agger dans le même chantier XXII » et sur la
montagne de Bussy : 58 m ! (même Rapport, p. 130).
les camps : les Alisiens n’ont conservé aucun des camps de plaine
(poterie gallo-romaine etc.).
Je ne peux admettre, d’autre part, que des camps soient situés en
dehors de la circonvallation, élevée pour les protéger d’une attaque
extérieure, ni que les légionnaires doivent s’entasser entre les
lignes sur seulement 120 m, ni que des camps mesurent de 35 ares à 9
ha lorsqu’il faut 45 ha. Ces simples observations auraient dû arrêter
d’emblée toute identification indue.
les obstacles : ils sont disposés en avant des fossés, pour protéger
la confection des travaux (7, 73, 2) et ils se trouvent en arrière :
ils ne protègent donc plus rien du tout.
cippi et lilia : ces derniers devraient être sur 8 rangées, les trous
distants de 90 cm, les pieux taillant environ 20 cm de diamètre. Les
lilia napoléoniens sont sur 5 rangées, distants de 2,60 m et leur
diamètre est de 80 cm. Les cippi devraient être en tranchées
continues, profondes de 1,50 m, la profondeur est de 35 cm ; ils sont
parfois en trous individuels. Ni pour les uns ni pour les autres le
nombre de rangées n’est conforme.
lignes : 9 km de lignes en excédent par rapport à ce qui aurait suffi
pour bloquer le mont Auxois ; des longueurs de fortifications qui
partent dans la nature, expliquées par la mauvaise volonté ou
l’incapacité des chefs de travaux ! « Ce ne sont pas tout à fait les
dimensions indiquées par César, mais il est clair que le proconsul a
voulu impressionner ses lecteurs tandis que ses troupiers ont fait ce
qu’ils ont pu, ce qui représentait déjà un travail formidable. »
Comment Joël Le Gall (la Bataille d’Alésia, 2000 (1997), p. 64)
pouvait-il supposer cela, quand, justement, les lignes effectives
dépassaient de 9 km les instructions données par César ! Étaient-ce
les « troupiers » qui voulaient impressionner les lecteurs de leur
chef ?
Conclusion : « Compte tenu du résultat des fouilles actuelles,
l’archéologie montre à l’évidence que la description faite par César
ne correspond pas, stricto sensu, à aucun des secteurs explorés ».
Signé : Michel Reddé, Catalogue de l’exposition sur Vercingétorix et
Alésia, tenue au musée de Saint-Germain en Laye, 1994.
Pour ce qui est de notre site Internet, nous l’avons modifié sans
avoir eu connaissance de vos remarques, simplement pour faire place à
la critique en forme d’Alise et à la comparaison des réalités Alise et
Chaux qui occupe bon nombre de pages (alesia.jura.free.fr, lien sur la
page d’accueil « le point sur la localisation ») et remplace un
développement antérieur trop succinct.
Pour ce qui est d’esquiver le débat sur le latin, ce n’est pas
précisément ni mon intérêt ni mon intention, puisque l’hypothèse
d’André Berthier est partie justement du texte latin, qu’il
comprenait, lui, correctement.
Pour ce qui est de « chercher une diversion sur les terrains de la
philologie, de l’interprétation archéologique, militaire, stratégique
et géographique », il me paraît indispensable de faire concourir,
précisément, l’ensemble des données de tous ordres qui peuvent
éclairer un texte historique, et le corroborer ou l’infirmer. Sans
quoi, on fait de l’histoire à plusieurs vitesses. Et on permet à
l’archéologie de prétendre que le « flou » de la description de César
autorise à valider tout et n’importe quoi. Si l’Histoire ne se donne
pas comme première loi l’examen rigoureux de toutes les données, où va-
t-on ? À Alise, hélas…
Nous n’avons pas parlé de la taille du mont Auxois et de ses 97 ha
(qui laisseraient 10 m2 disponibles à chaque guerrier, à supposer
qu’ils occupent chaque centimètre carré de la colline, sans qu’il y
ait de chevaux, ni de bétail, ni de Mandubiens, ni de ville
mandubienne, ni de pâturages, ni de bâtiments, ni de structures
cultuelles, et à supposer que ces guerriers ne fassent pas un
mouvement hors de leurs 10 m2 pendant plus d’un mois) ; ni des
Séquanes ; ni de la localisation du combat préliminaire de cavalerie.
Ce sont pourtant aussi des éléments à prendre en compte. Et pas non
plus de la reconstitution stratégique, pourtant un élément de premier
ordre, impossible à réaliser à Alise.
J’attends à présent que vous me montriez en quoi « à la Chaux-des-
Crotenay rien ne concorde ».
Avec sérénité.
Danielle Porte
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