Les massacres de peuples entiers non seulement ont déjà eu lieu dans
le passé mais étaient choses courantes lors des guerres ou simplement
des razzias. La plupart du temps, lorsqu’un peuple nomade se heurte à
un empire sédentaire, la défaite se traduit par une disparition de ce
peuple (massacre et réduction en esclavage des survivants). Des raisons
religieuses en sont aussi souvent la cause. On peut citer comme
exemples :
- le massacre des Cimbres par les Romains, vers -100 ;
- le massacre des Helvètes par les Romains, à la bataille de Bibracte, en -58, lors de leur tentative de migration vers la Saintonge ;
- le génocide des Gaulois par les Romains, durant la guerre Des Gaules :
Sur les 7 millions d’habitants estimés de la Gaule, 2 millions de
Gaulois assassinés ou déportés (Le Revue de l’Histoire N°51 p81) ;
- la conquête de la Dacie (Roumanie actuelle) par les Romains ;
- les campagnes d’exterminations de Muhammad de Ghor en Inde à la fin du XIIe siècle ;
- les guerres punitives des Mongols de Gengis Khan et de ses descendants au XIIIe siècle (politique de la terreur) ;
- le massacre de millions de Chinois par les Mongols au XIIIe siècle,
qui représente la plus grande extermination d’êtres humains de toute
l’Histoire, en valeur relative, les estimations variant entre dix et
quarante millions (dix-huit selon Kubilai Khan) ;
- le 22 juillet 1209, le Sac de Béziers : les troupes conjointes du pape Innocent III et du roi de France Philippe II massacrent toute la population de la ville de Béziers. Un prélude au bûcher de Montségur le 16 mars 1244 et à l’Inquisition. Des massacres jamais reconnus par l’église catholique.
- le génocide des Tainos[82],[83] commis par les Européens durant la conquête de l’île d’Hispaniola. Bartolomé de las Casas dans son livre Historia General de las Indias raconte qu’en 1508 il restait environ 60 000 Tainos. En 1531, l’exploitation dans les mines d’or, les suicides et les maladies[82] avaient réduit ce nombre à 600, soit une diminution de 99 %[82] ;
- la déportation des Acadiens par les Britanniques sous les ordres du gouverneur Charles Lawrence en 1755 ainsi que, parallèlement, le massacre de leurs alliés, les Hurons.
Dépossédées de leurs terres, des familles furent déportées dans des
colonies britanniques, réduites au travail non rémunéré et, pour
certaines d’entre elles déportées au Royaume-Uni. Les conditions étaient telles que près de 50% des Acadiens déportés moururent durant le transport ;
- l’extermination des nomades Dzoungars de Dzoungarie par les Chinois (1756-1757) : 600 000 hommes égorgés ;
- le massacre des Tasmaniens, qui a été qualifié de « génocide le plus parfait de l’histoire », par les Britanniques ;
- l’extermination des Beotuks à Terre-Neuve par les Britanniques (Terre-Neuve est devenue depuis une province du Canada) ;
- en Australie, les Aborigènes,
dont la population est estimée à 350 000 avant l’installation des
Britanniques, furent décimés par les maladies infectieuses, les
migrations forcées, à l’instar des Amérindiens. Certains historiens soutiennent qu’il s’agit d’un génocide ;
- au Canada, les enfants des Amérindiens furent envoyés, entre 1922 et 1984, dans des pensionnats (Écoles résidentielles) fondées par le gouvernement canadien, dirigées par des églises (catholiques ou protestantes),
où étaient entretenues des conditions d’insalubrité, de violences de
tout ordre comme la pédophilie ou encore d’expérimentations médicales
(dans les dernières années, à partir de la Guerre froide),
ce qui conduisit à une mortalité de presque 50 %, soit donc environ
50 000 décès d’enfants en quelques décennies (sur les 120 000
pensionnaires y ayant séjourné) ;
- le gouverneur anglais Jeffrey Amherst fit distribuer aux Indiens Delaware en 1763 des couvertures infectées de petite vérole (Variole) ;
- les premiers camps de concentration furent expérimentés au cours de la Seconde Guerre des Boers en Afrique du Sud par les Britanniques assistés des Canadiens. Sur environ 120 000 internés, plus de 27 000 civils afrikaners
(10% de la population afrikaner des républiques boers), essentiellement
des femmes, des vieillards et des enfants, près de 20 000 Noirs alliés
à ces derniers, meurent dans ces camps, victimes des conditions de vie
(alimentation insuffisante, absence d’hygiène et de soins) dénoncées à
l’opinion internationale par Emily Hobhouse ;
- de 1942 à 1945, 10 millions de civils chinois furent enrôlés de force par l’armée impériale japonaise pour effectuer des travaux forcés au Mandchoukouo sous la supervision de la Kôa-in. De ce nombre, 2,7 millions trouvèrent la mort lors de l’opération sankô sakusen menée par le général Yasuji Okamura [84].