Edito de Cheminade :
Vivre après la mort de l’euro. Ce 4 mai, le système monétariste de l’euro
se désintègre. Est-ce un
drame ? Oui si nos dirigeants continuent à aller comme ils vont, prêts à
sauver la monnaie unique en sacrifiant les économies et les peuples.
Non si cette crise devient une chance de changer de système, en
soumettant le financier et le monétaire au travail et à la production, à
l’équipement de l’homme et de la nature.
La Grèce n’est pas le cœur du problème, elle n’est que le maillon
faible de la chaîne. Le peuple grec n’est pas coupable de la faillite
de son Etat. C’est pourtant lui que les marchés financiers et les
institutions internationales veulent saigner à blanc pour renflouer les
banques créditrices. La politique du chancelier Brüning et de Pierre
Laval pendant les années trente se remet ainsi en place, avec la même
férocité et la même incompétence.
Il est donc honteux que l’UMP et le Parti socialiste jettent aux
orties leurs passés gaulliste et jaurésien pour se faire les
collaborateurs d’un plan qui détruit les forces productives et le
travail humain. L’Union européenne et le Fonds monétaire international
vont prêter 110 milliards d’euros à la Grèce pour qu’elle rembourse les
banques françaises, allemandes et anglaises ! Le saccage économique et
social du pays aboutira, si la folie prévaut, à une baisse du niveau de
vie de 20 à 30 % et, dès cette année, à un recul du Produit national
brut de 4%. Les fonctionnaires perdront 2 mois de leur traitement sur
14, les retraites baisseront d’au moins 15% avec un âge de départ
augmenté de 14 ans, les salaires seront gelés pendant 3 ans pour tous et
le Code du travail démantelé. En même temps, la taxe sur la valeur
ajoutée (TVA) passera de 21 à 23% (elle avait déjà été augmentée de 19 à
21% en mars), les taxes sur les alcools, les tabacs et les combustibles
seront accrues de 10%, ce qui entraînera une hausse des prix face à une
baisse des salaires ! Une catastrophe pour les travailleurs mais aussi
pour les entreprises, or aucune mesure de soutien à l’industrie locale
n’est prévue et on peut donc s’attendre à une hécatombe de PME-PMI.
Seuls les communistes, MM.
Mélenchon et Dupont-Aignan dénoncent
le scandale. Ce dernier dit
justement : « La France ne doit pas payer
pour aider la Grèce…à mourir ». Alors que M. Jérôme Cahuzac,
président
PS de la commission des Finances de l’Assemblée, ne craint pas
d’affirmer que les socialistes agissent pour « défendre la zone euro et
notre monnaie commune…défendre la Grèce, un pays ami » et « mettre fin à
une spéculation qui n’a que trop duré ». On ne sait s’il s’agit de
bêtise, d’aveuglement ou de cynisme. Car défendre un ami en
l’étranglant, arrêter la spéculation en l’encourageant et tenter de
sauver une monnaie commune qui est un mort vivant revient à creuser sa
propre tombe.
Michael Massourakis, chef du département d’analyse économique de
la banque Alpha, dans la mouvance de la City, nous décrit une Grèce se
vendant aux touristes et « attirant d’innombrables entrepreneurs
européens dans les secteurs des services ». Peut-être qu’après avoir
acheté un ryad au Maroc certains socialistes espèrent y acquérir une
île…
Cependant, ils se font des illusions, car l’ogre financier les
mangera malgré toute leur complaisance. Déjà,
Paul-Henri du Limbert dit
tout haut dans le Figaro ce qu’on pense à Londres : « Surtout, si la
France ne s’astreint pas à une plus grande discipline aujourd’hui, qui
peut dire qu’un ‘scénario à la grecque’ ne lui pend pas au nez, demain
ou après-demain ? »
Déjà les vautours s’en prennent à l’Espagne, se rapprochant de
nous. Il est plus que temps de préparer une vie après l’euro.
http://www.solidariteetprogres.org/article6604.html
Sur
marianne2 :
La vrai raison de
l’attaque des marchés contre l’Espagne :
Les banques espagnoles portent 60% de la
dette portugaise. C’est ce qui explique le raid des traders contre la
dette espagnole. Explications.
Bien
qu’elle soit accessible à qui veut bien la chercher, l’information
est quasiment tenue secrète, et constitue la vraie bombe risquant de
faire basculer l’Espagne dans la situation de la Grèce, donc, à court
terme, de transformer la secousse grecque en séisme généralisé au niveau
européen. L’équilibre ne tient qu’à un fil qui peut se rompre d’un
instant à l’autre si le Portugal ne trouve pas d’urgence la
dynamique
permettant de résoudre l’hémorragie de sa dette publique.
En
réalité, et c’est là le drame, 60% de la dette publique portugaise est
porté par le système bancaire espagnol, l’Espagne étant le
principal
partenaire économique du Portugal. Si
ce domino bascule, c’est
l’explosion, avec le risque de faillite pandémique étendue à tous les
autres systèmes bancaires, sur lequel la banque espagnole pèse
lourd.
Pour l’heure, le gouvernement portugais a revu à la hausse ses
estimations concernant sa dette publique prévoyant désormais qu’elle
atteigne 86% de son PIB en 2010, contre une prévision antérieure de
85,4% du PIB, selon le programme de stabilité et croissance rendu public
le mardi 16 mars 2010. Les années suivantes, la dette devrait
s’alourdir à 89,4% en 2011, à 90,7% en 2012 avant d’amorcer une légère
réduction en 2013 à 89,8% du PIB. Mais ce n’est qu’une promesse, et l’on
voit mal, aujourd’hui, comment il pourrait la tenir.
Le
pacte de stabilité européen fixe théoriquement la limite de
l’endettement des pays de la zone euro à 60% du PIB et à 3% la limite
haute des déficits publics autorisés. Le Portugal s’est engagé à faire
passer son niveau de déficit public de 8,3% à 2,8% en 2013. Quant à
l’Espagne, elle est, certes beaucoup moins endettée qu’Athènes, mais
elle n’a pas de perspective de rebond. Son essor économique reposait sur
un seul secteur - la construction - et avec l’effondrement de
l’immobilier, elle se retrouve avec un million de logements vacants sur
les bras et 20% de chômeurs. Le drame de l’Europe, la faille visée par
les marchés qui s’attaquent aux maillons les plus faibles, ce n’est pas
tant la dette, que l’impasse dans laquelle se trouvent certains pays à
retrouver la croissance, donc les rentrées financières, qui garantirait
qu’elles seront remboursées, mais si la dette publique portugaise
entraîne la banque espagnole au fond du gouffre, alors oui, le
cataclysme se produira.
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