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Waldgänger 2 juillet 2010 15:54

« Ce n’est pas la première civilisation scientifique arabo-musulmane qui a écrit le CORAN, mais tout bonnement l’inverse »

Avant de dire cela, il faut avancer des preuves et des arguments. En quoi la civilisation musulmane était-elle d’une autre nature que les Chinois ou les Indiens ? Avaient-ils franchi un seuil scientique et technologique qui les mettait clairement dans une autre catégories que des mathématiciens indiens comme Aryabhata, qui avait réussi à prouver que les planètes suivaient des orvites elliptiques ou ses successeurs, qui répandent l’usage des chiffres que nous utilisons encore aujourd’hui ? Etaient-ils seulement au niveau des Chinois, qui construsaient des jonques de haute mer de 60 mètres de long, ont eu une imprimerie indépendamment des découvertes de Gutenberg, produisaient en grande quantité de l’acier, connaissaient le papier et la poudre à canon ?

Où sont les applications systématiques et massives des innovations techniques, qui sont le signe du passage à la vraie modernité technique, comme ce fut le cas pour l’Europe à partir du Haut-Moyen Age. Avez vous des chiffres équivalents à ceux du « Domesday Book » anglais, qui montrent que l’Angleterre de la fin du Xième sècle était équipée en moulins à raison d’un pour 300 habitants (5000 moulins pour 1,5 millions de personnes) ? Quels équivalents aux longs et peu spectaculaires, mais lourds de conséquence, perfectionnments agricoles du Moyen-Age Central ? Et les innovations techniques du 15ème, telles que les améliorations des techniques minières qui relancèrent la production argentifère en Europe centrale, que doivent-elles au Coran ?

La réalité est que les brillants savants musulmans étaient isolés et incapables d’impulser un processus qui menait de leurs travaux en recherche fondamentale ou en applications limitées vers des mises en pratique systématiques, ce qui est abondamment montré par le fait qu’il n’y eut aucune évolution notable en matière de textile, de métallurgie, de techniques agricoles, contrairement à ce qui se passait en Occident. Il n’y avait que peu de liens entre la recherche abstraite et les réalisations techniques, à cause de préjugés sur le travail manuel, qui n’étaient pas propres à l’islam, mais constituaient un blocage majeur à toute avancée décisive, comme ce fut probablement le cas dans la science hellénistique.

La réalité est que la science arabo-musulmane ne peut se comparer à celle de Galilée et de ses successeurs, qui possédait des instruments scientifiques tels que le baromètre, la lunette astronomique, le télescope, le thermomètre, sans équivalents dans le monde musulman. Les savants européens contribuaient eux-mêmes à la mise au point de leurs instruments, comme le montrent les exemples de Pascal, Newton, Galilée, chose fondamentalement des savants musulmans.

Sur la dénomination de l’amiral, êtes vous au courant que l’islam confiait les affaires maritimes de préférence à des non musulmans, et ce dans la longue durée historique ? Que cela va des premières flottes qui attaquèrent Byzance au 8ème siècle, construites par des chantiers navals peuplés de chrétiens, à la piraterie barbaresque ? Alger était une ville coupée du monde musulman, où les renégats chrétiens formaient une société très isolée par rapport à un pays musulman où les principales villes se situaient à l’intérieur des terres. Ceci, si vous aviez un peu le livre « L’islam et la mer », vous auriez pu le mentionner. De quel droit déduisez vous à partir d’un emprunt linguistique non seulement une continuité réelle dans les fonctions du terme et dans sa signification, mais l’emprunt de techniques de constructions navales ?

Dans ce livre, vous auriez pu apprendre aussi que si en l’an mille, les musulmans pouvaient effectivement se vanter que les chrétiens ne pouvaient mettre une planche à la mer sans leur autorisation, la situation s’inversa très vite au cours du XIème siècle et que les pèlerins musulmans en provenance du maghreb voyagaient souvent sur des navires vénitiens ? Lire la thèse centrale de ce livre aurait aussi été instructif et révélateur ; l’islam a toujours eu du mal avec les sociétés de gens de mer, parce que, à cause de la rigidité des normes sociales qu’implique cette religion, il y a peu de compatibilité avec la liberté, le côté marginal et indépendant de groupes humains qui vivaient entre eux sur des navires, à l’écart du contrôle social.

Vous parlez de Renaissance, mais avez vous la moindre idée de l’acceptation actuelle de cette notion chez les historiens contemporains, qui la manient avec précaution ? De quelle Renaissance parlez vous ? De la « renaissance carolingienne » ? Elle doit plus, en termes d’influence, à des inspirations byzantines, comme le montrent l’architecture de la chapelle palatine d’’Aix la Chapelle ou les manuscrits à peinture carolingiens tels que le psautier d’Utrecht, dont l’illusionisme spatial est inspiré des modèles hellénistiques et romains, sans rapports avec la production artistique musulmane de l’époque. 

Parlez vous alors de la Renaissance du XIIème siècle ? De la « grande » Renaissance plus probablement. Etes vous au courant que celle ci est remise en cause par des historiens considérables depuis presque un siècle (Lucien Febvre, Marc Bloch, Ernst Kantorowicz, Jacques le Goff), que beaucoup des nouveautés qui lui furent attribuées existaient déjà auparavant, que l’oposition entre un Moyen Age figé et une Renaissance dynamique est fausse, que le monde médiéval évoluait en fait rapidement et en profondeur, en matière intellectuelle, religieuse, économique, militaire... ? Il faudrait savoir qu’à l’heure actuelle, la Renaissance est un terme utilisé tout en en reconnaissant l’étalement temporel extrême, qui va de Giotto à Shakespeare.


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