« La tolérance, il y a des maisons pour ça... »
Clémenceau (je crois...)
Tout est dit, ou presque. Sous son aspect ouvert, convivial, fraternel, humanitaire, la tolérance est en fait un véritable piège, une attraction, un faux-semblant, une facilité pour se donner une bonne image à soi et aux autres à peu de frais.
Car en fait, qu’est-ce que « tolérer » ?
C’est accepter. Mais accepter quoi ? Que doit-on accepter ?
Accepter ce que l’on fait ou ce que l’on est soi-même ? Ce n’est pas le plus compliqué...
Accepter ce que l’on n’est pas ou ce que l’on ne fait pas ?
C’est déjà plus compliqué. Car en général, si on ne fait pas quelque chose, c’est qu’on n’aime pas le faire. Et il est rare, quand on n’aime pas faire quelque chose, d’accepter de le voir faire par d’autres...
On peut déjà dire à ce niveau que tolérer, c’est accepter ce qu’on n’aime pas.
Il y a de quoi devenir un peu schizophrène...
Mais admettons qu’on y arrive. Ce serait pour tolérer quoi ? Et sachant que tout homme a ses limites, quel degré de ce qu’on n’aime pas peut-on supporter avant que le vernis craque ?
Et surtout, que se passe t-il après ?
Prenons, c’est la mode en ce moment, l’exemple d’une famille occidentale et d’une famille musulmane. Mettons les en voisinage.
Les occidentaux vont, en général, accepter le voisinage. D’autres non. D’autres l’accepteront, sous certaines limites. Ils « demanderont » à ce que certains principes soient respectés. Ils se ficheront du fait que les voisins mangent du couscous tous les jours ou se priveront de porc, mais ils verront d’un mauvais oeil la femme porter un voile. Plus ce voile sera long et couvrant, moins il sera accepté : le pays ne vit-il pas sous les règles d’égalité de traitement entre homme et femme, ne serais-ce qu’au plan théorique ?
On a donc trois degrés dans la tolérance.
Tolérance totale, tolérance partielle, intolérance.
Laquelle est la meilleure voie ?
La tolérance totale ?
Pourquoi pas. Mais cela signifie aucun garde-fou. Si le mari d’a coté se met à cogner sa femme et ses enfants, il faudra faire vraiment preuve de tolérance totale, et ne pas intervenir.
Et oui, ce serait rejeter sa culture ou sa tradition... (Remarquez, cela marche dans les deux sens. L’occidental peut aussi bien cogner sa femme et le musulman peut ne jamais la toucher).
L’intolérance ?
Difficile à mettre en oeuvre. C’est la guerre de voisinage assurée. Un coup à finir chez Julien Courbet.
La tolérance conditionnelle ?
A priori, oui.
Mais la tolérance est-elle encadrable ? Peut on limiter son champ d’action ? Et si oui, qui va en définir les limites ?
Et mettre des limites à la tolérance, n’est-ce pas faire preuve d’une certaine intolérance ?
Le pire, c’est qu’il n’y a aucun guide, aucun mode d’emploi. On navigue dans l’empirisme le plus total.
On a heureusement une base à laquelle se raccrocher. Mais elle ne va pas faire plaisir à beaucoup de gens.
La règle de base de la tolérance est celle-ci : on est plus facilement tolérant avec ce qui nous est semblable.
Et plus on s’éloigne de soi, moins on est naturellement tolérant.
Muriel Robin l’a bien compris...
http://www.youtube.com/watch?v=DOHr60Q_S4k
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