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pigripi pigripi 31 juillet 2010 11:05

 

 AFFAIRE DE VALOGNES : TRISTE ECHEC DE LA CONTRACEPTION

DATE : 10/19/2007

Ce que j’écrivais le 4 novembre 2006 à propos de l’affaire des « bébés congelés » est toujours valable aujourd’hui pour la triste affaire de Valognes où on a retrouvé 5 bébés morts dans une caveLa mère serait une femme de 36 ans, mère d’un enfant de onze ans, active à la FCPE et dans les actions humanitaires organisés par les Téléthons

Ce drame me peine énormément car il révèle une grande souffrance chez la femme mise en cause et s’ajoute à la longue liste de ces « infanticides » récurrents qui rappellent que beaucoup de femmes n’ont pas la maîtrise de leur corps malgré l’existence de nombreux moyens contraceptifs et que les hommes ne prennent pas leur responsabilité par égoïsme et lacheté, même dans les couples constitués

BEBES CONGELES, INFANTICIDES ET ECHEC DE LA CONTRAcEPTION

La vie d’un être commence avec le désir de ses parents. Sans amour, un être humain ne peut pas croître harmonieusement tout comme les plantes dépourvues de soins périssent. La plupart des SDF que j’ai rencontrés avaient été abandonnés par leurs parents et placés dans des conditions indigentes et instables par la DDASS. Une fécondation non désirée reste une fécondation. Ce n’est ni un bébé, ni un enfant, ni un être. Ce n’est qu’un phénomène biologique. Une femme qui se découvre enceinte contre son désir connaît une véritable terreur. Elle ne voit pas de bébé grandir dans son ventre mais un cancer qui la ronge, une tumeur dont elle doit se débarrasser. Le refus de grossesse entraîne le déni de grossesse. Les psychiatres font état de cas de femmes dont la grossesse reste indétectable jusqu’à leur accouchement qu’elles ne vivent pas comme la naissance d’un bébé mais l’expulsion d’une tumeur. Je le sais pour en avoir fait l’expérience et avoir pu avorter alors.

Les faits divers récents révèlent un drame de santé publique : l’échec de la contraception. La presse et la justice qualifient d’infanticide ce que je considère comme des avortements tardifs. Aujourd’hui en France, il y a encore, malgré tous les moyens de contrôler les naissances, 200 000 avortements par an. Il s’agit des avortements déclarés et effectués légalement dans les cliniques et les hôpitaux français. Ce chiffre déjà énorme ne tient pas compte des avortements « maison » ni de ceux réalisés à l’étranger lorsque le délai légal a été dépassé. Les spécialistes admettent que la planification des naissances est un échec. Il y a encore beaucoup trop d’avortements et de naissances non désirées, surtout chez de très jeunes filles. Comment est-ce possible alors que les moyens contraceptifs sont facilement accessibles, que la pilule du lendemain est vendue sans ordonnance et distribuée dans les établissements scolaires ?

On ne peut pas comprendre le problème si on ne part pas du principe que la sexualité est une chose complexe, mystérieuse, passionnelle, troublante, encore tabou et que la perception de leur corps et de leur genre par les femmes est extrêmement compliquée en même temps que la plupart des hommes s’en désintéressent puisqu’ils profitent de l’aliénation des femmes dans leur rapport biologique et psychologique à la procréation. D’un côté le corps des femmes est exhibé, marchandisé, manipulé par la pornographie et le commerce, de l’autre, le puritanisme des intégrismes religieux, les archétypes sur les relations hommes/femmes et les rapports de force entre les hommes et les femmes créent une confusion dans l’esprit des plus sensibles, des plus fragiles, des plus jeunes et des plus démunies.
 
La « liberté des mœurs » profite avant tout aux commerces de porno, qu’il soit hard, soft ou chic et aux hommes, qu’ils soient maquereaux ou nomades sexuels. Sans parler des cas de viol et de viol par inceste ou par pédophilie, beaucoup de relations sexuelles sont obtenues sous une contrainte « douce » : persuasion, manipulation, chantage affectif, promesses, séduction perverse, etc. Ces types de relations ne laissent pas de place à la contraception féminine et les hommes ne s’embarrassent pas de « précautions » ou de l’utilisation du préservatif. Le baiseur ignore la solidarité avec sa partenaire. Certaines jeunes filles tombent enceintes dès le premier rapport sexuel qu’elles n’avaient pas planifié. Innocence, timidité, pudeur, crainte d’être rejetée et ignorance sont des obstacles à la prévention des grossesses indésirées. Non seulement prendre un rendez-vous chez une gynécologue alors qu’on n’a pas encore eu de rapport sexuel demande de la détermination mais il faut aussi avoir les moyens de payer la consultation et les plaquettes de pilules ou autres moyens contraceptifs, tous onéreux.

Dans les grandes villes, les jeunes filles peuvent se rendre au planning familial pour bénéficier de consultations gratuites et anonymes mais déjà il faut en connaître l’existence et toutes les jeunes filles ne vivent pas en ville. Chez les femmes plus âgées, éventuellement mariées, les grossesses indésirées peuvent advenir par oubli de la pilule, par abandon de celle-ci quand les relations conjugales se font rares et semblent ne plus justifier la prise quotidienne d’un médicament, lorsqu’il n’y a pas de communication dans le couple ou lorsque les partenaires sont inhibés par les préceptes du Pape ou de je ne sais quel ayatollah. Il peut aussi y avoir désaccord dans le couple sur le nombre d’enfants souhaités. Les violences psychologiques et physiques, le viol conjugal et l’état de sujétion d’une partenaire soumise à la loi du mâle empêchent la femme de maîtriser son corps. L’alcoolisme est également un facteur aggravant.

Dans tous les cas, la responsabilité de l’homme est immense. S’il refuse d’utiliser un préservatif, il doit être conscient du fait qu’il peut aussi bien « attraper » des maladies que des bébés. Malheureusement, trop nombreux sont ceux qui considèrent que la femme doit assumer les risques, que ce n’est pas une affaire d’homme. Utiliser un préservatif n’est pas une question financière pour un homme déterminé à prendre ses responsabilités car beaucoup de centres donnent des préservatifs gratuitement. Mais beaucoup d’hommes se plaignent de « ne plus rien sentir » lorsqu’ils habillent leur pénis de quelques millimètres de caoutchouc. J’avais lu il y a un ou deux ans un rapport de l’INED (Institut des études démographiques) sur la persistance de l’avortement en France et son utilisation moyen tardif de contraception. Il ne semble pas que le Ministère de la Santé en ait tiré toutes les conclusions qui s’imposent.

On imagine mal dans la France catholique bienséante des campagnes de communication sur la contraception. Cela peut paraitre aberrant en 2006 mais la contraception reste encore un sujet tabou car, que ce soit chez les chrétiens, les juifs o u les musulmans, il faut « croître et multiplier ». Quant à l’avortement, l’église catholique l’interdit et les médecins qui travaillent dans les centres d’orthogénie sont mis au ban de la profession. Ces services manquent de moyens et de main d’œuvre au point que certaines femmes ne parviennent pas à se faire avorter dans les délais légaux et doivent se rendre en Espagne au prix d’un énorme effort financier qui n’est bien sûr pas accessible à tout le monde.

Qu’en est-il aujourd’hui de l’éducation sexuelle et de l’information sur la planification des naissances dans les écoles ? Une campagne en faveur de la contraception a été vue quelques temps à la TV en septembre mais elle ne s’adressait qu’aux femmes Qu’en est-il de la position des gynécologues sur l’information de la contraception auprès des jeunes filles et des femmes de tous âges, mariées, pacsées ou célibataires ? Qu’en est-il de ces médecins cathos qui pour soulager leur conscience travaillent étroitement avec des associations cathos qui promettent aux jeunes femmes enceintes en détresse de s’occuper de leur bébé à naitre et font un véritable racolage au nom de « laissez-les vivre » ? Et qu’en est-il de la liberté des femmes d’en parler avec leur partenaire ? Pourquoi certaines n’y parviennent pas ?

Les lobbys gays ont réussi à développer des campagnes nationales très visibles et constantes sur la nécessité d’utiliser le préservatif contre le VIH et c’est une excellente chose. Cela semble plus facile et acceptable que lancer de grandes campagnes d’information sur la contraception aussi bien à l’adresse des femmes que des hommes. Gays ou hétéros, les hommes savent défendre leurs intérêts. Les femmes ont encore un long chemin à parcourir et la société ne les y aide pas en acceptant implicitement que la maternité soit un boulet ou un handicap, notamment à l’embauche. (pour justifier des salaires inférieurs de 30% à ceux des hommes pour le même emploi).


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