Il m’est très difficile de comprendre votre opposition au CPE.
En Amérique (USA et Canada) nous n’avons aucune garantie d’emploi quelle que soit notre catégorie d’âge.
Sauf pour certains milieux syndiqués, vous pouvez être congédié en tout temps avec un préavis variant de 1 à 8 semaines selon le nombre d’années d’emploi continu.
Préavis à donner selon la durée de l’emploi : De 3 mois à 1 an =1 semaine, de 1 an à 5 ans =2 semaines, de 5 ans à 10 ans =4 semaines, 10 ans et plus =8 semaines.
Après 2 ans d’emploi, l’employeur peut-être tenu de justifier votre congédiement mais, il est très difficile de contester les motifs de congédiement devant un tribunal du travail
(savoir qu’un salarié qui a deux ans de service continu peut soumettre une plainte à la Commission des normes du travail s’il croit avoir été congédié sans une cause juste et suffisante (art. 124 de la Loi sur les normes du travail)
Se sont les règles du jeu et nous vivons très bien avec celles-ci.
Si nous perdons un emploi, nous avons droit, sous certaines conditions, à une prestation de chômage représentant 57% du salaire hebdomadaire moyen des 52 dernières semaines et ce, pour une période n’excédant pas 47 semaines.
Nous profitons de cette période pour nous chercher un nouvel emploi ou obtenir une formation spécialisée si nécessaire.
En Amérique, nous savons qu’au cours d’une carrière, nous aurons à changer plusieurs fois d’emplois ; c’est un fait que nous assumons.
L’économie nord-américaine est en pleine croissance. Tant aux USA qu’au Canada, il y a le plein emploi et beaucoup de secteurs éprouvent un important manque de main-d’oeuvre qualifiée. Malgré ces faits, les entreprises conservent intact leur droit de gérance en matière d’emploi et peuvent rapidement adapter leur masse salariale aux fluctuations de leurs marchés.
Les entreprises Nord américaines cherchent le décloisonnement des tâches et le maximum de souplesse dans la gestion de leurs ressources humaines. Ces facteurs contribuent très certainement au dynamisme des entreprises Nord américaines.
Nous connaissons régulièrement des fermetures d’entreprises ou des relocalisations parce que des syndicats ont refusé la réouverture des conventions collectives. Dans beaucoup de cas, ces demandes impliquaient des réductions très substantielles des salaires.
Quelques entreprises ont été sauvées au dernier moment parce que les employés ont accepté en seconde analyse les conditions exigées pour la poursuite des opérations.
L’EMPLOI GARANTI N’EXISTE PLUS !
Courrier international - n° 724 - 16 sept. 2004
L’emploi est la grande victime de la reprise économique qui s’amorce dans les pays développés : les salaires baissent, le chômage augmente et la précarité aussi. La mondialisation pousse les entreprises à réduire le coût du travail. ...Le centre d’études de la banque Morgan Stanley à Bombay prévoit que les multinationales compenseront les créations de postes dans leurs filiales indiennes en licenciant ailleurs. Le plan « 70-70-70 » de General Electrics annonce peut-être l’ampleur de ce mouvement : l’entreprise prévoit de sous-traiter 70 % de ses emplois, dont 70 % hors du territoire américain, et de recruter 70 % de ses travailleurs en Inde. Parallèlement, l’économie de la connaissance [fondée sur l’innovation et le savoir] progresse rapidement dans les principaux pays émergents....
Il me semble que le CPE est une occasion unique de démontrer à un employeur vos compétences et vos habilités.
Sur le vieux continent, les règles d’embauche constituent un énorme « piège à cons » pour les entreprises. Les systèmes mis en place au cours des décennies par les syndicats et les gouvernements socialistes européens sont grandement responsables de la morosité du marché de l’emploi.
Pour ne pas être pris au piège, les entreprises hésitent beaucoup avant d’embaucher un nouvel employé ou pire, elles transfèrent discrètement, en tout ou en partie, des emplois européens à l’étranger. Dans le contexte européen, vous représentez un risque pour un employeur et les entreprises cherchent toujours à minimiser les risques.
Les entreprises n’ont pas comme fonction de vous materner. C’est à vous qu’incombe la responsabilité de rassurer votre employeur à votre sujet.
Sortir des grandes écoles n’est qu’un élément pris en considération lors d’une embauche. D’autres facteurs, souvent plus importants que la formation académique, sont pris en considération et le CPE vous donne l’opportunité de démontrer à votre employeur que vous possédez toutes les compétences et habilités requises ainsi que la personnalité qu’il recherche.
Votre mouvement de contestation de la loi du CPE m’apparaît comme un refus de prendre un risque. Il me semble que vous préférez le « pas d’emploi du tout » à un emploi sans garanti.
Face à la mondialisation, certains optent pour la confrontation et les actions spectaculaires pour tenter d’arrêter un mouvement irréversible alors que d’autres acceptent les nouvelles règles du jeu et se mettent au travail pour prendre leur place au soleil.
Rien n’est acquis sur cette terre et l’avenir appartient aux audacieux et non à ceux qui perdent leur temps à se battre contre des moulins à vent.
Des emplois assurés à vie n’existent que dans l’esprit des socialistes et des syndicalistes. La réalité du marché du travail est tout autre et vous seriez mieux de rejeter tous leurs beaux discours sortis tout droit de la pensée magique.
A défaut d’accepter ces règles du jeu, vous risquez de longues périodes de chômage ou des emplois au noir sans aucune protection sociale.
Par exemple, comment se fait-il qu’une grande société de chez vous dans le domaine des jeux informatisés est installée au Québec depuis plusieurs années déjà et embauche en permanence des nouveaux employés à de très bons salaires. Qui plus est, elle subventionne même des collèges pour que ceux-ci forment davantage de jeunes pour supporter sa croissance fulgurante.
Pourquoi ces postes sont-ils créés au Québec plutôt qu’en France ? Dans un milieu aussi compétitif et changeant que celui des jeux informatisés, l’entreprise se doit de pouvoir adapter rapidement sa masse salariale aux conditions de son marché pour maintenir sa rentabilité.
Les jeunes québécois embauchés par cette entreprise française n’ont aucune garantie d’emploi. Ils acceptent avec enthousiasme une offre d’emploi sans même se poser de questions au sujet de la sécurité d’emploi. Ils savent et acceptent tous que la profitabilité de l’entreprise, les conditions du marché et leurs compétences sont les éléments clefs de leur sécurité d’emploi à long terme : ces jeunes acceptent les règles du jeu et prennent le risque de réussir !
Vous avez le choix : accepter de prendre le risque ou demeurer en marge du marché du travail.
Si l’Europe ne modifie pas ses règles du marché de l’emploi, si vous persistez à maintenir inconditionnellement vos droits acquis en matière d’emploi, si vous continuez de croire les paroles insidieuses des socialistes et des syndicalistes vous prenez le risque de voir de plus en plus d’entreprises ou de nouveaux investissements se diriger subrepticement vers des pays plus accueillants.
Le marché du travail se rétrécira encore davantage et les audacieux auront leur place au soleil tandis que les contestataires auront plus de raisons de prendre la rue mais, n’auront toujours pas d’emploi.
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