La corrida n’est finalement rien d’autre qu’une façon malsaine de permettre à un public malsain d’assouvir de malsaines pulsions morbides. Dans nos sociétés si aseptisées que la vision de vieux, donc proches de la mort, est une chose peu prisée et même refoulée, avoir la possibilité de voir un être vivant massif mourir en live est un palliatif très efficace qui vaut aussi bien la cohorte des automobilistes qui ralentissent quand ils voient qu’un accident a eu lieu dans le sens opposé de l’autoroute. Ralentissement non provoqué par le soucis de faire attention aux secouristes, mais par celui de voir s’il n’y en a pas partout.
Le public veut de la mort. Très rares sont les toros qui obtiennent la grâce du public. Et encore. Même ceux qui l’obtiennent ne vivent pas vieux à cause des blessures infligées à la colonne vertebrale.
Si la Corrida continue d’être autorisée, sa seule chance de perdurer dans les générations à venir (car malgré les dénégations de ses supporters, les arènes se vident d’années en années. C’est comme les églises. Pleines le jour de Noel, vides les 51 autres dimanches de l’année.) est d’offrir plus de « spectacle », donc de mort.
C’est un résultat très facile à obtenir : il suffit d’aiguiser un peu les cornes, de ne plus le droguer pour l’affaiblir ou de lui casser les reins à coup de sacs de sable avant son entrée dans l’arène pour ralentir ses réflexes, et de supprimer les picadors chargés de le vider quelque peu de son sang.
On obtient un véritable sport, très risqué, ou vraiment cette fois, la bête a sa chance et le torero des sensations plus intenses qu’un saut à l’elastique.
Il en sort hadicapé ou mort ?
Hé ! C’’est toute la beauté de ce sport. Il l’a choisi, nul ne l’a forcé à entrer dans l’arène.
Panem et circenses.
La recette n’a jamais varié. Et il est peu probable qu’elle change.