La tradition biblique prétend que l’absence de travail, l’oisiveté, était une condition de la félicité du premier homme avant sa chute. Le goût de l’oisiveté est resté le même chez l’homme déchu, mais la malédiction pèse toujours sur lui, non seulement parce que nous devons gagner notre pain à la sueur de notre front, mais aussi parce que notre nature morale nous interdit de trouver la paix dans l’oisiveté. Une voix secrète nous dit que nous serions coupables en restant oisifs. Si l’homme pouvait trouver un état où, tout en restant oisif, il sentît qu’il est utile et qu’il accomplît son devoir, il retrouverait ainsi une des conditions de la félicité primitive. Or cet état d’oisiveté obligatoire et non blâmable est celui dont jouit toute une classe sociale, la classe des militaires. C’est précisément dans cette oisiveté que consiste et consistera toujours le principal attrait de la carrière des armes.
Tolstoï, La guerre et la paix.
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