L’idée que les Juifs (des gens de différentes régions, de différentes langues, n’ayant de commun que leur religion ancienne, n’ayant jamais formé un peuple avec Etat) se mettent à occuper la Palestine (avec un fond de sauce à la « retour au pays des temps diluviens ») est d’avant 1900. Et cette idée, le sionisme, n’a pas été particulièrement rejeté par les Anglais (qui occupaient la Palestine). Etant considéré par eux que les Juifs fuyant les pogroms d’Europe centrale pouvaient faire de bons partenaires, bien motivés contre la Russie.
Les Anglais d’abord puis d’autres Occidentaux influents ont plus ou moins admis ce sionisme en considérant comme problème mineur le fait que les occupants de la Palestine (des gens de toutes sortes, plutôt arabes, parfois musulmans, n’ayant jamais quitté cette région), allaient peu apprécier cette invasion.
Voir enfin les Anglais partir pour voir d’autres occupants arriver, ça ne pouvait pourtant pas faire plaisir aux Palestiniens ayant toujours vécu, habité et cultivé là.
De là, Israël, bien qu’autorisé par un vote Onusien en 47, est forcément en position d’envahisseur aux yeux des populations qui auraient dû être les seules à pouvoir en décider (et qui n’ont même pas pu participer, même pas pour pouième partie, au vote Onusien).
Pour peu qu’on trouve choquant que des gens n’ayant jamais quitté la Palestine et ayant payé cher pour y rester, soient soudain envahis par des gens venus d’ailleurs mais se pointant avec titre flambant neuf, on trouvera normal de protester contre cette colonisation légale.
Et ensuite.
Iraël étant soutenu sur tous les plans par ses parrains Onusiens, se retrouvant face à des Palestiniens révoltés ne disposant pas de soutiens aussi puissants, on devait s’attendre à ce que des témoins de ce combat en pot de fer contre pot de terre, protestent et prennent parti pour les Palestiniens occupés (quels que soient les détails d’ethnie ou de religion). Il fallait même s’attendre à ce que parmi ces témoins révoltés, il y en ait qui soient administrativement rattachés aux Etats pro sionistes.
Ainsi, il est normal qu’il y ait des Juifs, des Israéliens, des Enderlin pour dénoncer constamment le sionisme.
Comme ce sionisme, fort de moyens exogènes, martyrise les autochtones et comme on vit une époque très influencée par les images, il est normal que le camp anti sioniste récupère tout ce qu’il peut comme preuves visuelles de l’abus sioniste.
Des véritables tueries perpétrées par les soldats du sionisme, il y en a, c’est certain. Que des enfants Palestiniens aient été tués par Tsahal, les yeux fermés, par expérience de la guerre, je sais d’office qu’il y en a eu. Le contraire étant impossible.
Inventer de toutes pièces une fausse fusillade dans un pays où ça fusille depuis 50 ans, je ne vois pas bien l’utilité. Ces images sont forcément de véritables images du conflit.
Mais que des images soient authentiques, ça n’empêche nullement de les bricoler (d’autant que vient de sortir une nouvelle version de Photoshop ouh la la !). Il serait anormal, quand on est monteur de film, de ne pas chercher à optimiser le montage de sorte à faire passer un certain message, très fort, univoque. Dans n’importe quel camp, même à partir de vraies images, on va soutenir son discours univoque en faisant le BON montage, en ajoutant les bons commentaires. (Dans Home, Nicolas Hulot, contrairement à Ushuaïa, n’a pas montré des endroits préservés mais a accumulé les vues de poubelles)
Mais à part ma vieille chienne, tout le monde autour de moi sait tout cela. Alors quand nous voyons le reportage commenté par Enderlin, nous concluons « Putain de guerre qui fait une fois encore des victimes civiles, dans les deux camps, forcément ». Quelques spectateurs, peut-être, se diront « Arrrhhh les Israéliens tirent volontairement sur des enfants » mais la majorité aura simplement un haut-le-coeur en pensant que ce genre de scène arrive vraiment, reportage ou pas reportage.
On n’a pas besoin d’avoir sous les yeux de véritables et exactes photos de civils prenant des balles perdues ou de snipers ou de soldats salauds pour savoir que ça existe depuis que les fusils existent. Notre écoeurement est global, il est contre la guerre point. Et il est donc contre tout ce qui provoque les guerres, dont les occupations coloniales.
Ce n’est pas parce qu’on va démontrer (vraiment démontrer) que ce gosse a été tué par les Palestiniens ou qu’il est en vie, ce n’est pas parce qu’on va démontrer qu’Enderlin a super bricolé le montage des images, qu’on va se dire qu’il n’y a aucun civil, aucun enfant tué dans le conflit israélo-palestinien qui est le plus long conflit de l’Histoire depuis l’invention des fusils.
Enderlin ou pas Enderlin, trucage ou pas, trous rond ou ovales, Mohammed Al-Durah ou pas, ce conflit tue des civils de tous les âges, de tous les sexes, de tous les côtés. Ca nous écoeure et je ne vois pas comment on pourrait se mettre à aimer ça.
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