Cher Carlo,
La question n’est pas là. Tout citoyen (journaliste où pas) a le droit de poser des questions. Mais ce qui nous occupe se situe sur un tout autre plan : celle de la responsabilité, et de la finalité, de toute publication (qui mériterait un plus large débat que celui d’un forum virtuel).
Quelle responsabilité que d’écrire ! disait Chardonne, donner de l’espoir sans motif, décourager sans raison.
Aussi, le débat est-il, plus surement, du sens de ce qu’on énonce. Révéler un fait, un évènement, sous le simple prétexte qu’il NOUS parait avoir été dissimulé et/ou que NOUS l’estimons important n’est pas la bonne réponse.
Prenons l’exemple du négationnisme.
Si Agora Vox avait existé, à l’éppoque, aurait-il publié les thèses de Faurisson sur la négation des chambres à gaz ? Je rappalle que Faurisson était universitaire, non dans un établissement marginal mais dans une grande fac (Lyon) que ses travaux avaient l’APPARENCE de la rigueur scientifique, pour lesquels il a été docteur d’Etat, et que, pour couronner le tout, il avait bénéficié d’une préface de Noam Chomsky.
La question est, essentiellement, là. Or, en appeler à une « intelligence collective » pour y apporter les rectifications me semblent un peu léger.
Il y avait, en Allemagne, une intelligence collective lors de l’avènement du national-socialisme, c’est même elle qui installa le régime hitlerien et je ne suis pas sur que l’avènement d’Internet y aurait apporté quelque correctif que ce soit.
Publier,ou ne pas le faire, est un choix toujours idéologique (pris dans une acception non marxiste) c’est à dire en fonction d’une vision que nous avons du monde.
Toute vérité est relative et n’est pas réductible à une réalité. Un « journal citoyen », se démarquant d’une « pensée unique » devrait, peut-être, se situer de ce côté là, questionner le sens et aller au fond des choses, ce que la presse « classique » ne fait pas assez.
Par exemple, dans le débat sur le droit d’auteur et Intenet, il s’agissait moins de légaliser le téléchargement des oeuvres, compte tenu de l’évolution des technologies - vision très individualiste - que de poser la question de la place de l’artiste, et au travers de lui, de l’art dans notre sociéyé contemporaine. Ce débat-là n’a jamais eu lieu, sauf dans les stricts rapports de production, et c’est bien dommage.
De même pour le CPE, le problème est moins (ou autant) le comportement de Villepin, face à Sarkozy, voir d’un retrait du projet (abondamment traité par ailleurs) que de répondre à cette question : pourquoi une société n’a-t-elle pas été capable, depuis plus de 20 ans, d’intégrer ceux dont elle avait l’obligation de préparer l’avenir ?
Il ne s’agit pas de factuel mais d’essentiel. Et la place d’un média citoyen est là : dans l’essence des choses, et non dans l’accumulation de point-de-vue,
Trop d’informations tue l’info
Il faut avoir à l’esprit cette réflexion de Mallarmé « Un grand écrivain se remarque au nombre de pages qu’il ne publie pas. »
C’est vrai pour l’écrivain, ça l’est également pour le journaliste, citoyen ou pas.
On en revient toujours à Boileau : « Avant donc que d’apprendre à écrire, apprenez à penser »
Amicalement
Bernard Lallement
- PS Vous devriez publier la liste des membres de votre comité de rédaction. Les lecteurs sont en droit de savoir qui décident de la publication. Idem pour votre budget. ce sont là deux obligations auxquelles les mass médias souscrivent. La transparence est, aussi, une vertu citoyenne.
De même, ce serait intéressant d’avoir des statistiques sur le site : fréquentations, sujets qui intéressent le plus les lecteurs, qui ont suscité le plus de commentaires, nombre de papiers moyen par rédacteurs etc....
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