Il est tellement prométhéen, l’Occidental, qu’il est assez fondamentalement utopiste, donc simplificateur. Ce ne serait pas grave s’il se contentait de fantasmer ses utopies. Hélas, il tient à les réaliser.
Pour une raison que j’ignore, l’univers, la nature, est protéiforme, incroyablement variée et variante. Mais il s’en fout l’utopiste, il dénie cette dimension ineffable de la diversité des espèces, des mentalités, des géographies, des climatologies, des ressources naturelles. Il simplifie et voit tout depuis son endroit. Et de son endroit il croit possible d’imposer (ou de convaincre) au monde une vision uniforme.
Il vit dans un endroit où l’on consacre des milliers de mètres cubes d’eau pour faire des piscines javellisées, pour laver des voitures, pour arroser des golfs et il croit possible de convaincre des gens habitant des lieux arides de partager les mêmes valeurs que lui, l’utopiste.
Il vit dans un endroit qui consomme autant de pétrole que d’eau à piscines et il croit qu’il est possible d’imposer (ou de convaincre) des peuples privés d’eau et n’utilisant pas de pétrole, de partager les mêmes fantasmes que lui, l’utopiste.
Il vit dans un endroit où l’on importe des gambas depuis 5000 bornes pour faire des barbecues et il croit qu’il peut imposer (ou convaincre) des gens qui n’ont que les poissons de leur lagon à manger, de partager ses points de vue, l’utopiste.
Il vit dans un endroit où l’on gave des oies pour déguster leur foie malade et il croit qu’il peut faire partager ses visions à des gens qui n’ont pas de quoi nourrir leurs enfants, l’utopiste.
Et il croit, pour balayer ces objections, qu’ils suffirait que les autres commencent à voir les choses comme lui, pour que soudain ils aient eux aussi de l’eau en abondance, du pétrole, des pâturages verdoyants et des pentes enneigées où il est si agréalble de faire du ski, l’utopiste.
Pour les autres, il est terrifiant, l’utopiste.
Il mouline ses fantasmes mais s’abstient de partager son logement avec les gueux de son quartier, avec son frère dans la misère, avec ses parents impotents, avec les malades du sida, avec les putes et les Roms. C’est à cette condition, qu’il peut continuer de fantasmer, l’utopiste.
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